Depuis désormais trois décennies, l’extrême-droite radicale se rassemble chaque début mai à Paris. Une date initiée à partir de 1994 pour commémorer le décès d’un militant, ayant chuté d’un immeuble en tentant de fuir la police durant la dispersion d’une manifestation « anti-impérialiste » à laquelle il participait. Mais les polémiques et interdictions répétées restent à ce jour totalement vaines, alors même que parallèlement nombre de mobilisations en soutien à la Palestine sont encore réprimées. Ultranationalistes, néofascistes et néonazis de toute la France ont donc pris l’habitude de parader à cette occasion… Y compris samedi dernier, pour les trente ans du mouvement.
Sans surprise malgré la rareté des documents exploitables, plusieurs têtes sont apparues familières auprès des plus informé-e-s. Il n’était certes parfois pas difficile de retracer le parcours des intéressés, presque tous étant vêtus d’un sweat « defend Vesontio » affublé d’un fusil kalachnikov, reprenant au dos la maxime « comtois rend-toi nenni ma foi » et arborant le blason impérial de la cité (*). Un apparat complété par divers artifices destinés à se dissimuler le visage malgré la loi en la matière, aspirant aussi à faire rayonner la région dans ce qui constitue une « internationale réactionnaire » ; avec comme bestseller du jour, un cache-cou « hooligan » à nouveau nimbé des armoiries de la ville.
Derrière la plupart des masques, le casting ne pouvait être plus attendu. On retrouve ainsi, par exemple, Florent G., intérimaire demeurant aux Cras, mobilisé au sein du service d’ordre, exhibant, outre les emblèmes décrits ci-avant, un brassard « sécurité » clairement visible. Une prise de responsabilité significative et ostensible, marquant sa proximité et son rôle au sein d’une organisation qu’il fréquente assidument depuis bien longtemps. À domicile le bientôt trentenaire multiplie les faits d’arme, ayant été un habitué du feu « le Bunker » désormais volontiers tourné vers les agressions à l’encontre de féministes comme le 31 janvier 2021 à Dijon ou le 19 novembre 2022 à Besançon.
Les autres forment de discrets seconds couteaux, bien que eux aussi mis en cause dans des exactions graves et récurrentes. C’est le cas d’Alexis L., fan de « National-Socialist Black-Metal » originaire du Haut-Jura et déjà repéré en marge de violences en juillet 2021. L’exercice se transforme ensuite davantage en supputation, bien que des sources confortent que le 9 mai dernier déjà un petit groupe habillé des exactes mêmes couleurs avait passé une partie de la soirée dans le centre-ville de Besançon… incluant Tristan D., Paul R. et surtout Ilann F., le troisième étant passé par la case prison pour son implication dans les émeutes racistes de Romans-sur-Isère et toujours accusé d’un tabassage LGBTphobe l’été dernier.
Au total c’est une demi-douzaine de protagonistes qui ont été signalés, démontrant un ancrage national mais aussi des velléités locales. La sauterie francilienne avait en effet été précédée d’une communication dans le secteur, vite relayée sur les réseaux sociaux avant que les visuels ne disparaissent. Ainsi dans la nuit du 3 au 4 mai, plusieurs affiches ont été dressées aux abords des principales entrées routières à l’image de celles de Beure et Châteaufarine. Un collage furtif perpétré dans la même phase que les graffitis explicites ayant visé nos confrères et consœurs de radio BIP/média 25, coïncidence troublante dont il appartiendra à l’enquête de déterminer les éventuels liens.
Illustration : Marche du C9M, le 9 mai 2010 à Paris – Pierre-Marie Le Diberder/GFDL 1.3.