Sous l’égide de l’association « Planoise Valley », un nouveau collectif d’habitant·e·s vient de se constituer à Planoise. Fort d’une vingtaine de volontaires, ses membres souhaitent sillonner le quartier afin de renouer spécifiquement avec la jeunesse. Un travail de veille, articulé de façon préventive et ciblée, émanant exclusivement de la société civile, consistant en des rencontres et échanges, afin de ne pas « laisser nos gamin·e·s seul·e·s dans la rue ». Le concept se base sur un précédent mené à Corbeil-Essonnes, où un réseau s’est constitué en 2017 en incluant une caractéristique visuelle éponyme : le gilet rose.
Localement, le projet avait mûri depuis déjà plusieurs mois. Ainsi que l’explique Aly Yugo, responsable du « Planoise Karaté Academy » et conseiller général du canton de Besançon-1, les premiers jalons sont en fait apparus en mai-juin 2023, dans le sillage de révoltes urbaines particulièrement lourdes dans la capitale comtoise. « Alors que le secteur Île-de-France était dans le chaos, spontanément les riverain·e·s se sont organisé·e·s à Cassin autour du centre commercial Intermarché. Après avoir été privé·e·s de cette enseigne majeure pendant deux ans suite à un incendie criminel, il était hors de question qu’on laisse la situation déraper à ce point » explique t-il.
Partant de cette expérience, le souhait d’une pérennisation s’est rapidement imposé. « Autour de personnalités respectées, on tisse ainsi un fil de confiance. L’idée est d’intervenir essentiellement auprès des mineur·e·s, à cet âge-là on peut encore agir. Livré·e·s à elleux-mêmes, c’est là que les pensées noires germent. Il s’agit de créer du lien, d’instaurer la discussion, de régler des problèmes, de proposer des sorties et ateliers. Nous ne pouvons plus voir nos enfants tomber sous les balles ou les coups, il est donc nécessaire de se structurer entre nous » explique notamment la fondatrice Fatima Sy, spécialement présente aujourd’hui pour la création de cette antenne.
Si les rangs sont surtout composés de mamans, d’autres apports sont encore espérés. « Il serait bien de voir les pères, ainsi que des acteurs comme l’éducation spécialisée ou le médico-social. On peut compter sur le professorat, les deux collèges [Voltaire et Diderot] ayant répondu positivement. Mais on devrait aussi tenter un partenariat avec les pompiers, afin de favoriser l’engagement ». Élu·e·s et représentant·e·s ne sont pas en reste, plusieurs étant d’ailleurs là : Joëlle Cailleaux (la Passerelle), Gaëtan-Hippolyte Assogba (conseil citoyen), Yannick Poujet (adjoint à la maire), Myriam Lemercier (conseil municipal), Monique Choux (conseil départemental), Séverine Véziès (référente LFI)…
Sans remettre cette synergie en cause, des limites plus « politiques » ont toutefois été posées par quelques voix. « Il y a des réalités, la responsabilité de l’État dans certaines situations, la question du racisme et des discriminations, le rapport avec la police, dont le comportement n’est pas toujours exemplaire, la sensation de mal-être général dans un contexte difficile, le sentiment d’abandon d’une grande partie de la population qui est très palpable… » Pas de quoi effrayer les plus déterminé·e·s, visiblement prêt·e·s à soulever des montagnes. Les premières maraudes devraient débuter à la fin novembre 2024, avec une possible inscription durable dans le paysage.
Illustration d’en-tête : Plusieurs participant·e·s des « gilets roses », présentant leur nouveau collectif au centre Nelson Mandela de Planoise le 9 novembre 2024.