Comme dans une dizaine d’autres villes en France, les professionnel·le·s de la culture organisaient une manifestation à Besançon. Ielles étaient ainsi une trentaine ce jeudi matin, manifestant devant la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) puis le conseil départemental du Doubs. Toutes et tous revêtu·e·s d’une couverture isothermique pour l’occasion, afin de signifier leur état de survie. Les coupes budgétaires sont particulièrement en ligne de mire, malgré la chute du gouvernement Barnier. « La censure a été une bonne nouvelle, mais ça ne résout pas la dynamique. Il y a déjà plusieurs exemples où les politiques ont anticipé l’austérité, comme dans les Pays de la Loire. Sans grande surprise, nous sommes parmi les premiers à en pâtir, or le service public du spectacle vivant comme l’audiovisuel public ne peuvent assurer leurs missions sans les financements publics nécessaires » indique une participante.
Un préavis de grève nationale a été déposé par la « CGT Spectacle », laquelle appelait « l’ensemble des artistes, enseignant·e·s artistiques, personnels techniques et administratifs » à y prendre part. Le syndicat considère en effet que les « institutions culturelles sont exsangues », craignant que des plans de licenciement ne s’ajoutent à une baisse d’activité notable, des salaires en berne et une inflation galopante, mais aussi à une récente réforme du chômage et de l’intermittence. Les protagonistes présent·e·s souhaitaient donc exprimer leur mécontentement ainsi que leur combattivité, espérant que cette première date pose le jalon d’un bras de fer. Après la déferlante du 5 décembre, d’autres rendez-vous sont ainsi programmés dans la capitale comtoise : un rassemblement des précaires, le 17 janvier, puis une conférence sur les intermittent·e·s du spectacle, le 28 janvier (voir ci-dessous).
Une victoire arrachée au tribunal
Illustration de leur situation souvent délicate, le cas d’un accordéoniste avait défrayé la chronique. À la suite d’un arrêt maladie consécutif à une lourde opération, ce professionnel s’était brutalement retrouvé sans subside. Il avait pourtant travaillé et cotisé pendant trente années, sans avoir eu besoin de recourir jusque là à la moindre indemnité. Mais la « CPAM de Haute-Saône » avait refusé toute prise en charge, alors que « France Travail » ne reconnaissait pas la période et que ses droits comme intermittent du spectacle s’arrêtaient net, faute de contrats. Afin de survivre le temps de sa convalescence, l’intéressé en avait même été réduit à vendre son instrument et outil de travail. En plus des sollicitations d’élu·e·s et de la médiatisation, un recours judiciaire a donc été engagé avec le collectif « les matermittentes ». Le 5 décembre dernier, les magistrat·e·s du pôle social leur ont finalement donné raison.
Les prochaines mobilisations locales
Rassemblement appelé par la « CGT précaires Besançon », la « CGT spectacle », « AC – Agir contre le chômage », la « Coordination des Intermittent·e·s et Précaires de Franche-Comté », « Génération·S », « NPA-l’Anticapitaliste », le 17 janvier à 11h00 place Jouffroy d’Abbans.
Conférence organisée par la « CGT spectacle Besançon » et animée par l’historien et sociologue de l’intermittence du spectacle Mathieu Grégoire, le 28 janvier à 19h00 au Nouveau Théâtre de Besançon : « Les intermittent·e·s du spectacle, histoire et enjeux d’une lutte ».
Illustration d’en-tête : Une partie des manifestant·e·s, devant la Direction Régionale des Affaires Culturelles.