Le 12 avril dernier, le petit monde de la « teuf » était dans la rue afin de porter sa voix contre un projet de loi visant à fortement réprimer les « soirées-concerts sauvages ». Plus de cinq cents personnes y avaient pris part dans la capitale comtoise, s’élevant contre la « criminalisation » croissante de ces parenthèses festives et populaires. Organisations et participant·e·s réclamaient notamment « un dialogue sérieux et durable avec les autorités », dénonçant les descentes et poursuites érigées en norme. Comme déjà constaté en juillet 2023, les arrêtés préfectoraux dédiés à la prohibition de ce type de rassemblements ont explosé ces dernières années.

Malgré la démonstration de force répétée dans toute la France, la situation ne s’est pas apaisée. Au contraire même, puisque les mesures coercitives continuent d’être déployées au grand jour. En Haute-Saône par exemple, les pouvoirs publics viennent de promulguer une interdiction totale du 1er mai au 30 septembre… En visant également le simple transport de matériel, dispositifs de sonorisation et groupes électrogènes étant susceptibles d’une confiscation immédiate et d’un renvoi devant les tribunaux pour le seul fait d’être interceptés dans d’un véhicule circulant au sein du département. Une résolution cinglante, qui n’aurait pas encore été contestée.

Si cette actualité a agité le lanterneau médiatique sur le secteur de Vesoul, c’est bien l’ensemble des circonscriptions locales qui s’avèrent en réalité concernées. Le Territoire de Belfort (18 avril), le Jura (30 avril) et le Doubs (9 mai) étant soumis à des coercitions tout à fait analogues, certes temporaires, mais récurrentes. Une frénésie face au « péril jeune », dans une région connue pour son zèle singulier quant à l’application des doctrines gouvernementales. Pour les concerné·e·s interrogé·e·s, un sentiment de rage et de dégoût domine : « On défend d’abord notre façon de vivre, mais c’est une certaine idée des libertés qui est en jeu derrière » résume l’un d’eux.

Visiblement, les consignes se veulent drastiques. Une rencontre était ainsi annoncée le 26 avril sur les hauteurs de Besançon, dans un lieu où les habitué·e·s se retrouvaient jusqu’alors sans le moindre problème. Mais dès le début d’après-midi, certain·e·s noctambules constatent une présence policière significative. « À cet endroit, j’ai dû faire sept ou huit sauteries sans jamais avoir été emmerdé. Là, on a vu que les flics rôdaient et contrôlaient dès 14h00, donc tout a été annulé. À force de nous mettre toujours plus sur le qui-vive et dans la clandestinité, ça pourrait mal finir. Ce qu’ils font, c’est augmenter les risques et alimenter la volonté d’en découdre ».


Illustration d’en-tête : Un manifestant lors de la manifestation du 12 avril à Besançon, brandissant une pancarte « bruit des caisses < bruit des bottes ».

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