Relayant à juste titre l’ignominie des menaces de viol reçues le 21 mai dernier par la référente LFI Séverine Véziès, les articles de quelques médias locaux ont toutefois reproduit un phénomène pervers… L’information a en effet rapidement recueilli de multiples commentaires publiés sur les réseaux sociaux, la plupart à l’encontre de la victime afin de l’accabler davantage, de relativiser les atteintes observées voire d’ajouter concrètement à l’ignominie. Faute d’une modération sérieuse qui pourrait d’ailleurs engager leur responsabilité juridique, les pages de titres comme « l’Est Républicain » ou « Plein air » sont devenus depuis longtemps le porte-voix de ces cerveaux haineux. Mais c’est sur la publication « Facebook » de « MaCommune.info » que notre regard s’est cette fois posé, afin d’analyser qui sont les protagonistes cachés derrière les traces numériques.

« Ces gauchistes traîtres à la France et aux français »
À Besançon et sa région, la condamnation de la classe politique est unanime. Un esprit de concorde rare, qui marque la brutalité des mots exposés par la militante « Insoumise ». Reste qu’au-delà des groupes et formations, la plupart des activistes n’ont pas hésité à se lâcher, peu importe la gravité du contexte. Nous aurions pu prendre bien d’autres exemples, mais c’est sur la propriété de la société immobilière « SMCI » que nous avons décider de travailler aujourd’hui. Après la révélation de cette actualité sordide, les comportements déroutants se sont en effet multipliés lorsque le sujet est apparu sur la plateforme du groupe « Meta ». Si le contenu initial dépeignant des « messages inqualifiables, d’une violence inouïe, insupportables » est parfaitement clair, le lectorat du journal en ligne n’a pas toujours eu la sagesse de cette analyse, ou à défaut, au moins, du silence.

Sous l’anonymat d’un pseudonyme, un certain « Jean » va ainsi s’emporter contre « […] ces gauchistes traîtres à la France et aux français », pour qui « toutes les manœuvres sont exploitables pour tenter de crédibiliser leur « programme » ». Une prose notamment « likée » par Patrick Zamboni, gérant de station service et musicien, Marc Gerdy, comptable du Jura, ou encore Louis Conord, retraité de la Métropole. Une charge dénigrante et dénégative que va compléter Stéphanie Doillon, qui cultive par ailleurs des centres d’intérêt tout aussi marqués à l’extrême droite : « […] Quand on sème la haine, il ne faut pas chialer qu’on la récolte. Pour le cas où ces menaces soient bien réelles bien sûr… […] ». Avec l’approbation de « quidams », tel·le·s que Stéphanie Devanne, qui se dit praticienne Reiki, Corinne Gomot, fiscaliste, ou Jean-Paul Gilger, ancien cadre administratif à la Mairie.

Dans les commentaires et likes, trois candidats aux municipales de 2020…
Peu après, on aperçoit encore un vocable similaire émanant de personnalités. C’est le cas d’une remarque, laissée par Sébastien Mazure, attaquant le parti de gauche, sans un mot pour réprouver le sort réservé à sa représentante : « C’est LFI qui est dans l’insulte verbale permanente, et la provocation et en bon extrémiste de gauche antisémite. Ce parti finira par être interdit, mais quand, au plus vite serait le mieux » va-t-il relativiser et souhaiter. Dix-huitième sur la liste de la dissidente LREM Alexandra Cordier en 2020, il est pour sa part appuyé par Hervé Sire, professeur d’histoire et ex-colistier d’Éric Alauzet, ou Thierry Ragon, ayant figuré quant à lui auprès de Ludovic Fagaut – dont le mouvement a pourtant communiqué une position ferme, hier vendredi. Entrepreneur, technicien informatique, assistante éducative, les illustrations pourraient continuer longtemps…

Ces assertions banalisent, normalisent ou justifient l’agression commise, dans un processus que les spécialistes ont documenté sous le terme de « victim blaming ». Un effet de meute d’autant plus conséquent qu’il est ici commis via un organe de presse et par de petits notables. Une défaillance qui pourrait coûter particulièrement cher à l’entreprise concernée, la jurisprudence considérant que son rôle de directrice de la publication pourrait la conduire devant un tribunal afin de répondre aux abominations qu’elle laisse proférer. Mais alors que les voix sont chaque jour plus nombreuses pour contraindre à une meilleure gestion de ces flux, la perspective d’une très hypothétique condamnation pèse peu face aux clics, algorithmes et attractivités. Un business dangereux quand il s’inscrit dans une fascisation galopante de la société, contribuant à son pourrissement.

Boîte noire. Les commentaires et « likes » étant publics et revêtant d’une information d’intérêt général, nous avons fait le choix de publier l’identité de l’ensemble des internautes cité·e·s quand celle-ci était énoncée. Au moment de la publication, ces éléments, présents parfois depuis près de vingt-quatre heures, sont toujours visibles. Aussi, si leur caractère illicite peut prêter au débat, les exemples rapportés semblent contrevenir, à minima, à la charte relative au site.

 

Illustration d’en-tête : Publication de « MaCommune.info » relayant un article intitulé « Séverine Véziès menacée de viols : des élu(e)s locaux s’expriment, indignés », sur la page « Facebook » du média – capture d’écran.

À lire aussi