Si la mobilisation émane initialement de quelque cent-trente organisations, au niveau local, elle fut, comme souvent, d’abord reprise par « Palestine Amitié » et le « collectif Palestine ». Deux entités lourdement épinglées ces derniers mois, un dossier publié en octobre dernier révélant les multiples dérapages antisémites de plusieurs de leurs membres. Une réalité qui n’a pas empêché des partis politiques de se joindre à cette date, « la France Insoumise » (LFI) et « les Écologistes » en tête, mais aussi la maire, Anne Vignot, pourtant informée de ces imputations. Un rapprochement de militant·e·s « antiracistes » qui interroge, à laquelle la plupart des intéressé·e·s répondent que « le relais de cet appel est l’adhésion à une cause, pas la traduction d’une complaisance à l’égard d’individus dont les relents problématiques, certes indéniables, n’engagent toutefois qu’elleux-mêmes ».

Un leitmotiv audible parmi les plus de deux cents participant·e·s présent·e·s place du Huit-Septembre 1944, mettant surtout en avant leur volonté de dénoncer le génocide actuellement perpétré en faisant fi de toutes autres considérations. À l’instar des représentant·e·s de la majorité municipale, qui, pour l’occasion, ont annoncé, enfin, concéder la future pose d’un étendard sur le fronton de l’hôtel de ville. Mais d’autres ont en revanche exclu toute forme d’alliance à cette synergie aux arrières-boutiques délétères, sans pour autant abandonner le combat. C’est le cas de « l’Association France-Palestine Solidarité » (AFPS), qui engageait donc, de son côté, à la même heure, un second rassemblement place Louis Pasteur, avec une centaine de partisan·e·s, très majoritairement des jeunes, afin de marquer un « refus catégorique que cette lutte salutaire soit détournée par des mouvements puants ».

Reste le détonateur commun à toutes et tous, l’interception de la « flottille de la liberté » par le régime israélien. Une arrestation jugée illégale, a fortiori dans les eaux internationales, alors que l’équipage devrait être expulsé dans les prochaines heures. Parti le 1er juin 2025 de la Sicile avec des biens de première nécessité, le « Madleen » embarquait douze personnes dont l’eurodéputée française LFI Rima Hassan et l’écologiste suédoise Gretha Thunberg. Le convoi humanitaire espérait briser le blocus de Gaza en pleine famine, en attirant l’attention du monde sur une situation qui demeure figée. « Cet acte démontre une énième fois que Netanyahou et sa clique ne respectent rien, bafouant chaque jour les principes légaux et éthiques les plus élémentaires. Nous affirmons un soutien indéfectible à nos camarades arrêté·e·s, exigeant leur libération immédiate » lançait notamment Cyril, de l’AFPS.

Un point lié à l’actualité brulante, qui s’est rapidement étendu aux nombreuses préoccupations de la période. Demande que les invitations d’entreprises d’armement israéliennes au salon du Bourget soient annulées, félicitations aux dockers/dockeuses CGT de Marseille qui se sont élevé·e·s contre l’envoi d’une cargaison de matériel militaire vers Israël, exigence d’une reconnaissance immédiate par la France de l’État de Palestine… Mais aussi volonté du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, de dissoudre « Urgence Palestine » ainsi que de « la Jeune Garde antifasciste ». « C’est une nouvelle phase insupportable de criminalisation, si l’interdiction de ces deux références devait malheureusement se confirmer, nous nous devrions de réagir fermement » a-t-il encore été ajouté. Plusieurs pétitions étaient d’ailleurs proposées en ce sens, récoltant ce lundi soir près de cent cinquante signatures.

Illustration d’en-tête : Aperçu du rassemblement organisé par « l’Association France-Palestine Solidarité », place Louis Pasteur.

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