Comme chaque 21 juin, de nombreux concerts étaient proposés dans le centre historique de Besançon. Structures connues ou groupes plus amateurs, livraient, de 18h00 à minuit et au-delà, sonorités rock, rap, électro, classique, ou variété, des bars de Battant aux grosses scènes placées sur Révolution, Huit-Septembre, Mairie, Granvelle, Saint-Amour… Les chaleurs caniculaires retombées en fin d’après-midi, ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont investi la vieille ville pour assister aux évènements. Le tout dans une ambiance propre à la capitale comtoise, où références politiques et velléités contestataires étaient également de la partie.

« Besac, Besac, antifa ! ». C’est sur ce slogan qu’un concert de musiques urbaines s’est par exemple terminé à 21h30 esplanade des Droit Humains, secteur tenu par « l’association SCIMES » et la « MJC de Montrapon/Fontaine-Écu ». Avec les législatives anticipées il y a un an, la date n’avait pas échappé aux prises de positions parfois explicites dans ce bastion de gauche. Cette année encore, les réflexes n’ont donc pas disparu, loin de là, des drapeaux palestiniens exhibés sur Arènes et au sommet du monument des eaux d’Arcier, à l’installation d’un « infokiosque » sur le pont Battant délivrant de la documentation alternative et anti-autoritaire.

« Parler d’antifascisme, je ne vois pas le problème ou pourquoi ça devrait faire débat. Dénoncer le racisme, l’antisémitisme, la misogynie, ce n’est pas une étiquette partisane ou une appartenance politique, mais l’affirmation de valeurs cardinales, qui devraient être un réflexe de la société. Chacun·e est la/le bienvenu·e quelles que soient ses idées, mais il s’agit d’affirmer que cette ville n’accepte pas les attitudes oppressives ou discriminantes. Les chanteurs/chanteuses peuvent donc s’exprimer librement en ce sens, il serait curieux qu’on leur reproche, d’autant plus dans un moment où on célèbre l’art et le vivre-ensemble » explique un membre du staff, employé par la municipalité.

En pleine polémique sur la programmation du « Hellfest », bien des voix entendaient aussi rappeler quelques évidences concernant les « violences sexistes et sexuelles ». « Pas de violeurs dans nos soirées – arrêtez de protéger vos potes » indiquait ainsi une affiche placardée, place Louis Pasteur,  à destination de « Basslime », où flottaient aussi les mentions du festival « No Logo », connu pour sa proclamation « no facho ». Divers mouvements se sont d’ailleurs mobilisés sur le sujet, à l’instar de « Nous toustes » qui diffusait sur les réseaux sociaux, en particulier dans le Doubs, soutien et conseils, appelant d’éventuelles victimes à se faire connaître et à témoigner.

Contrairement à ce qu’alimentent certaines unes tapageuses, la soirée s’est donc déroulée sans dérapages majeurs. Jusqu’au moment où, les forces de l’ordre déployées, plus d’une centaine d’uniformes décident de mettre fin aux réjouissances, vers 1h30 du matin. Si à « Hôp Hop Hop », le set de Lucie Dernière Minute est interrompu sans heurts, peu avant 02h00, place Bacchus, BAC et CRS procédaient à une dispersion, à coup de gaz lacrymogène, aux cris de « ACAB » et « tout le monde déteste la police ». Pour près de trois cents téméraires, la nuit s’est poursuivie en « free-partie », sur la friche de la Rodia, sans essuyer de nouvelles descentes.

Illustration d’en-tête : Aperçu de la scène gérée par « Basslime », place Louis Pasteur.

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