Emblème de la Franche-Comté, le Doubs, qui prend sa source à Mouthe, serpente sur plus de 450 kilomètres et traverse en grande partie le département du Doubs, celui du Jura et de la Saône-et-Loire pour se déverser finalement dans la Saône. Frontière naturelle entre la Suisse et la France sur 170 kilomètres, cette rivière offre, lorsqu’il y a de l’eau, un spectacle unique au niveau du Locle, en Suisse et Villers-le-Lac du côté français. Barrage naturel, le Saut du Doubs est à la fois une « attraction » prisée des locaux et touristes, un sujet marronnier pour la presse, mais aussi le symbole d’une crise, la crise d’une denrée de bien commun : l’eau.

Alors que le département du Doubs connait un déficit de pluviométrie de 25 à 50% depuis février 2025, et que la préfecture a annoncé début juillet le placement du département en « Alerte » sècheresse, niveau 2 sur 4, le Ch’ni, pour le photoreportage du mois, a choisi de vous emmener en balade et de retourner en octobre 2023 quand, à cette période, seulement un mince filet d’eau coulait dans le lit.

Près de 200 000 personnes ont visité le site du Saut du Doubs en 2024. C’est le premier site naturel visité dans le département devant la source du Lison et celle de la Loue.
Une grande partie de la presse local a, début juillet, relayé le regain de vie « exceptionnel » que le lieu a connu début juin 2025.
Si un tel débit n’avait pas été vu depuis une dizaine d’années, les données de la station en sortie de lac des Brenets montrent bien qu’il y a de moins en moins d’eau qui s’y écoule.
Dans le lit du Doubs, de la végétation terrestre y repousse. La composition karstique des sols fait que l’eau s’y infiltre très rapidement.
« Sauf transformation radicale des usages, les prélèvements en eau et plus encore les consommations – soit la part évapotranspirée du prélèvement –, devraient fortement croître entre 2020 et 2050. Due pour l’essentiel à la hausse de la demande en eau d’irrigation, l’augmentation des consommations devrait se concentrer en période printanière et estivale ». Dans une récente note d’analyse du Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan, il est dit que « la situation hydrique devrait être amenée à se dégrader entre les horizons 2020 et 2050, non seulement en été, mais aussi en hiver, dans la très grande majorité de la France hexagonale »
Un groupe de travail franco-suisse serait en train de réfléchir à comment empêcher l’eau de s’évacuer par des failles au fond des bassins et ainsi éviter les assèchements à répétition. Alors qu’en 2001, le colmatage des failles de la rivière s’était fait à l’aide de béton, aujourd’hui il serait question d’installer au fond des bassins des « géotextiles écologiques », même si certains souhaiteraient voir prolonger le projet initial.

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