Au rond-point de Chalezeule, près de deux cents participant·e·s à « l’assemblée populaire » pour « bloquer le pays »

C’était une date particulièrement attendue, au sein du milieu militant local et au-delà. Dans le cadre des préparatifs à la mobilisation « bloquons le pays » le 10 septembre prochain, près de deux cents personnes se sont retrouvées ce samedi matin au rond-point du bowling de Chalezeule. Un bastion « gilets jaunes » depuis sept ans, où la chasuble était encore très visible, mais qui a également regroupé bon nombre de cercles complémentaires, en particulier syndicaux, politiques, associatifs, autonomes, étudiants, professionnels ou encore citoyens. Le temps de se retrouver, d’échanger et d’acter un certain nombre de rendez-vous sur la région, dont la plupart étaient déjà esquissés depuis plusieurs jours.

Dans le nord-est de Besançon, c’était la foule des grands jours. À quelques heures des premières mobilisations, un avant-goût de la semaine à venir ? « Ça faisait longtemps que ce site n’était pas aussi animé, mais on espère qu’il y aura encore bien plus de monde si on veut peser » tranche une historique. Comme elle, beaucoup savent que le plus difficile reste peut-être à accomplir. Entre massification du mouvement, convergence des fronts, maintien dans la durée, il y a toujours plus de doutes que de certitudes. Relation avec les médias, répression policière, place des organisations… À ces éléments de réflexions, d’autres, plus pratiques, ce sont ajoutés, notamment, le plus prégnant, quoi faire et comment à la suite de cette tribune « indignons-nous ! ».

Dès lundi soir, le programme prévoit ainsi une « assemblée étudiante » à 17h30 UFR-SLHS Mégevand puis un « pot de départ pour François Bayrou » à 20h00 à l’Hôtel de Ville – place du Huit-Septembre 1944. Répétition générale ou lancement des hostilités, personne ne sait quelle sera l’ampleur de ce ballon d’essai. Pour le 10 septembre, la situation reste d’ailleurs floue, malgré des décisions concrètes : « À partir de 06h00 du matin, nous appelons à un rassemblement au rond-point du bowling de Chalezeule. C’est là, en fonction du nombre et des envies, qu’on précisera les actions, au cours de la matinée. Plusieurs assemblées sont aussi prévues en parallèle ou en repli, à 13h00 place de la Révolution et à 18h00 à la fac de Lettres » récapitulait un encarté « Force Ouvrière ».

Renouvèlement des générations notable dans la capitale comtoise, une part conséquente de jeunes est à la manœuvre. Si ielles ne cachent pas une sensibilité affirmée de gauche, rares sont celleux qui disposent d’une adhésion partisane formelle. Pour ce bloc « déter’ », des opérations plus ciblées ne sont pas exclues. Concernant une frange significative enfin, le concours ne se manifestera pas à travers la rue mais via un boycott des achats. « Je suis venue voir ce qui se passait, afin de m’inscrire dans cette synergie. Mais moi, les protestations, ce n’est pas trop mon truc. Alors avec mon mari, on va partir sur un refus d’user de commerces et services sur cette date ». Une position respectée mais vivement débattue, les plus téméraires la considérant individualiste et inefficiente.

Il n’en demeure pas moins un bouillonnement foisonnant, qui touche également, à des degrés divers, les cités de Belfort, Montbéliard, Lons-le-Saunier, Saint-Claude, Salins-les-Bains, Vesoul… L’effervescence commence d’ailleurs à inquiéter les autorités, qui craignent des « débordements ». Si le ministère de l’intérieur a donné des consignes de fermeté, les petites mains sécuritaires ne sont pas en reste, à l’instar des gendarmes dépêché·e·s ce matin, dont l’un confiait « appréhender de futures confrontations ». À Besançon, les derniers grands cortèges remontent à la réforme des retraites en 2023 et aux soulèvements antifascistes de 2024 ; face à la colère qui s’exprime largement dans la population, les prémices d’un nouvel acte semblent en marche.


Illustration d’en-tête : Manifestation des « gilets jaunes », le 9 février 2019 à Besançon-Chalezeule.


Mise à jour du samedi 6 septembre à 19h15.
Particulièrement décrié, le journal « l’Est Républicain » – propriété du « Crédit Mutuel » – n’a pas daigné sonder ou même approcher « l’assemblée populaire » de ce matin au rond-point de Chalezeule… Contrairement à d’autres médias, comme « LCP », « France 3 » ou « le Ch’ni ». Ce qui n’a pas empêché le quotidien d’en traiter à sa manière, dans une brève laconique publiée à 18h11, recyclant une photographie trouvée sur Internet, captant l’évènement d’ensemble avant 10h00, pour affirmer que la réunion avait attiré « 80 à 100 personnes ». Or, selon deux comptages, l’un opéré par nos soins à 10h35, le second par un habitué des mouvements sociaux après 11h00, ce sont 142 et 189 participant·e·s qui étaient comptabilisé·e·s.