Garderie autogérée, repas végane, ateliers banderoles… À Besançon, un groupe d’entraide au cœur du mouvement « bloquons le pays »

Dans la capitale comtoise, les mouvements sociaux ne se limitent pas aux défilés officiels. À l’occasion du mouvement « bloquons le pays » à partir du 10 septembre, les initiatives complémentaires semblent n’avoir jamais été aussi préparées. À travers un petit visuel qui se propage de fils « Telegram » en mail-listes militantes, diverses assistances spécifiques précieuses se dessinent. « Lutter n’est pas toujours accessible : se nourrir, gérer les enfants, se soigner, sont plein de freins à nos envies de militer ! Un groupe d’entraide a été monté, permettant d’offrir de l’aide à celleux qui veulent aller aux blocages/manifs, mais, aussi, à celleux qui ne veulent/peuvent pas, de s’y impliquer d’une autre manière » est-il proclamé en introduction.

La proposition n’est pas signée ou revendiquée, mais s’avère ficelée. Loin des partis et syndicats traditionnels souvent jugés « autoritaires et sclérosés », les initiatives autonomes et spontanées existent depuis déjà de nombreuses années dans la cité. Le « Resto Trottoir » du collectif « Food Not Bombs » est ainsi naturellement de la partie, ses membres s’évertuant à pousser leurs activités mensuelles au-delà de la seule place Marulaz. Une cantine populaire et autogérée sera ainsi sur le front, disposant de la « nourriture végétale et gratuite sur les points de lutte, café-trottoir et autres vivres pour se requinquer ! » auprès des participant·e·s. Service inédit dans ces circonstances, une « crèche autogestionnaire » est également initiée « pour garder les enfants durant les mobilisations ».

« On est dans une synergie directe et horizontale, on se retrouve ainsi clairement sur cette forme, que nous faisons nôtre. C’est la possibilité d’appliquer concrètement des projets alternatifs, en investissant des champs encore largement méprisés par les structures traditionnelles. Les hiérarchies qui existent se reproduisent, y compris dans les batailles, or les galérien·e·s et les parents ont aussi le droit de se battre ! En même temps qu’on repense la société, on doit donc aussi redéfinir notre activisme. L’objectif, c’est de reprendre nos vies en main, sous toutes ses dimensions. On ne monte pas un food-truck ou une garderie capitaliste, ces espaces là ne pourront vivre que si l’ensemble des protestataires s’en emparent. Dans un esprit débarrassé de toute forme de domination, d’oppression, d’exploitation » détaille une protagoniste.

Une palette qui s’élargit chaque jour, tant le fourmillement est vaste. « L’entraide, ce sont des besoins qui évoluent, si tu as d’autres idées, n’hésite pas à en parler » rappellent d’ailleurs les membres. Une « legal team » encore informelle mais qui donne des conseils pour parer à la répression, l’usage du site participatif « Rabasse.info » dans la communication des dates et analyses, une « zone en non-mixité féministe et queer » pour une perspective « antiraciste et antivalidiste » en sont quelques exemples. Mais, aussi, bien sûr, des séances dédiées à la confection de banderoles, pancartes et affiches, afin de colorer au mieux les différentes revendications. Un énième horizon cette fois assuré par « l’Atelier Populaire », référence devenue incontournable des évènements sociaux et politiques de la région.

Pour solliciter/retrouver ces initiatives :
– « Resto Trottoir » : resto-trottoir[@]herbesfolles.org ;
– « Crèche Autogérée Bisontine » : creche.autogeree.bisontine[@]proton.me ;
– « L’Atelier Populaire » : atelierpopulaire.besancon[@]protonmail.com ;
– « Rabasse.info » : contact[@]rabasse.info ;
– « Zone en non-mixité » : groupe « Telegram ».

 

Illustration d’en-tête : Aperçu de « gilets jaunes » le 17 novembre 2018 à Belfort, présentant quelques équipements – Thomas Bresson/cc-by-4.0.