Aux manif du 10 septembre, quatre interpellations et des dérapages à Besançon

 

Il est environ vingt heures quand un petit groupe part de l’assemblée générale tenue sur l’UFR-SLHS Mégevand afin de gagner la Gare-d’Eau, soucieux d’afficher sa solidarité morale et politique à ses camarades. Mais les uniformes encore enrôlés montrent très rapidement leur agacement devant la situation, un simulacre de charge amenant à faire éclater la cohorte. Entre-temps, un projectile aurait été expédié en direction des agent·e·s, légitimant alors la poursuite de celleux désigné·e·s comme responsables de ce forfait. Une tâche confiée à la « Brigade Anti-Criminalité » (BAC), spécialiste des actions coup-de-poing et des dérapages grossiers. Pourchassant les intéressé·e·s esplanade des Droits Humains, la course se termine par leur arrestation : placement au sol et menottage, mais aussi insultes fleuries à l’endroit des quatre dolois·e·s, tout juste majeur·e·s.

Une scène intégralement captée, trois correspondants du média « le Ch’ni » étant présents. On distingue alors nettement sur ces prises un fonctionnaire intimer aux individus de s’allonger par-terre, avant de déclarer « eh ta gonzesse là, eh là là devant toi elle fuit » ; à ses protestations, le même réplique : « Oh, t’arrêtes de chialer ta mère toi. Hein, t’arrêtes de gueuler ». Se voyant filmé en usant de cette littérature peu conventionnelle, les témoins vont alors être ciblés par l’emploi d’une lumière aveuglante censée entraver l’enregistrement photo/vidéo. Constatant la manœuvre sans effet, le gradé interpelle spécifiquement Toufik-de-Planoise : « Vous diffusez pas parce que nous on s’en fout, mais elle elle s’en fout pas du droit à l’image. Je l’annonce, haut et fort ». « Vous lisez notre journal, vous savez qu’on floute » est-il indiqué ; retour immédiat : « Non, je lis pas ton torchon moi ».

Extrait sonore du début de l’intervention.
Ulcéré du fait d’être observé par plusieurs membres du média « le Ch’ni »,  alors qu’il outrageait copieusement des personnes interpelées par ses soins, un agent de police ne va pas hésiter à user de violences, malgré la présentation d’un titre de presse – Antoine Mermet/Hans Lucas.

Les atteintes vont alors se poursuivre, malgré la déclinaison des nom et organe ainsi que la présentation d’une carte de presse. Visiblement mécontent de cette justification, l’officier enchaine alors allusions aux relents masculinistes, accusations de « provocations » aux fins d’exploiter un scandale et coercitions physiques sous prétexte d’un soudain « respect de périmètre ». Redoublant de violences quand remarque lui est adressée qu’il se trouve dépourvu d’un numéro RIO visible, sous l’œil passif de sa dizaine de collègues et subordonné·e·s. L’agression ne s’achèvera qu’avec l’embarquement d’un jeune homme, a priori pour « violences volontaires sur dépositaire de l’autorité publique avec arme par destination et en réunion », les autres participant·e·s étant quitte d’un contrôle d’identité. Ou comment de la simple opération aux sévices assumés, il n’y a parfois qu’un pas.

Les obstructions au travail d’information, abus de langage, brutalités diverses, restent monnaie courante à Besançon, durant des interventions et au-delà. Ne souhaitant pas que les dérives sécuritaires graves et les comportements douteux puissent être documentés, les indépendant·e·s font régulièrement l’objet de représailles, largement impunies. Le 1er mai 2024 déjà, le directeur de la publication était ainsi confronté à ces méthodes délétères. Si les périodes d’accalmie sociale ou les commandements raisonnés, comme ce mercredi entre 06h00 et 12h00, limitent généralement les effets les plus concrets, quelques corps n’hésitent pas à se lâcher lourdement contre quiconque aurait le tort de leur déplaire. Avec les frustrations relatives à la mise en échec des dispositifs lors de « bloquons le pays », ces « brebis galeuses » semblent d’autant plus enclines à la surenchère.

Illustration d’en-tête : Aperçu de l’interpellation, vers 20h15 rue de l’Orme de Chamars – Antoine Mermet/Hans Lucas.


Mise à jour du vendredi 12 septembre à 21h05.
Au total, cinq interpellations ont été relevées sur la journée du 10 septembre dans la capitale comtoise ; toutes ont donné lieu à des gardes à vue et des suites judiciaires, la matérialité des délits reprochés étant reconnue par les mis en cause. Trois jeunes bisontins ont bien été arrêtés à 11h00 entre Préfecture et Granvelle, au motif d’une « entrave à la circulation » caractérisée par le placement de bacs à poubelle sur la chaussée ; libérés le lendemain midi après vingt-quatre heures de rétention, ils font l’objet d’une mesure d’ordonnance pénale. Deux dolois ont également été appréhendés vers 20h15 rue de l’Orme de Chamars, convaincus de « violences volontaires sur dépositaire de l’autorité publique avec arme par destination et en réunion », en l’espèce le jet infructueux d’une pomme et d’une bouteille plastique en direction du cordon sécuritaire, ainsi que « dissimulation du visage » pour l’un ; placés en geôles durant toute la nuit, une citation devant le substitut leur a été remise à leur libération le jeudi matin. Visiblement soucieuse de garder la main sur sa communication après notre article, ce 12 septembre la police nationale diffusera un communiqué à ses médias partenaires quant au second incident ; sans avoir été sur place, tenté de corroborer ces dires ou tenir compte de notre dossier, ce contenu
subjectif sera ainsi repris par « MaCommune.info » et « Plein Air ». Protagonistes passant d’une petite trentaine éclatés à quarante-cinq en groupe, affirmation que deux fonctionnaires auraient été blessés à cette occasion alors que nous n’avons été témoins d’aucune atteinte, multiples dérapages attestés totalement expurgés… Un parfait exemple de propagande préfectorale, donnant un récit partial et partiel des évènements.