À Besançon, ces violences policières absentes d’une certaine presse

Blocages routiers, manifestations d’ampleur, protestations ciblées… En dix jours, les mobilisations ont été particulièrement fortes dans la capitale comtoise. Craignant l’émergence d’une nouvelle vague de « gilets jaunes », les pouvoirs publics se sont placés dans une logique martiale afin d’éteindre la crise. Quitte à bercer, parfois très largement, dans une coercition arbitraire et généralisée, de déploiements hors normes d’arsenaux à la multiplication des bavures. Mais si le pendant sécuritaire des manifestations est un axe essentiel de l’information, beaucoup de titres se sont allègrement affranchis de ce volet. Face aux lacunes de terrain, lignes éditoriales réactionnaires et addictions aux sources policières, le traitement de cette répression inouïe a été, comme souvent, le fait de médias indépendants.
Ainsi que nous l’avions souligné dès le 29 août dernier, « un ton déjà distant et préfectoral » s’abattait contre l’appel « bloquons le pays ». Une réalité qui se matérialisait, notamment, par une couverture superficielle, le relais de références-maison ou la sous-évaluation des chiffres de participation. Cette attitude de mépris s’amplifiera lors des dates visées, en particulier concernant l’aspect sensible du « maintien de l’ordre ». Alors qu’uniformes au sein des lycées et nombreuses exactions ont été documentées par des organes associatifs, les « mainstreams » se distingueront en silences persistants et relais arrangés. Ce fut le cas lors du 10 septembre, où conditions indignes de garde à vue, atteintes aux interpellé·e·s et entraves à la presse exhumées par « le Ch’ni » seront effacées au profit de l’unique récit étatique repris par « Plein Air » et « MaCommune.info ».
Pas de changements le 18 septembre, la publication tardive d’arrêtés relatifs à l’usage de drones par la gendarmerie et la police n’étant relevée que par « Médiapart » et « le Ch’ni ». Un oubli qui continue avec les échauffourées du soir, où la traque d’une centaine d’autonomes a pourtant conduit à des excès choquants ainsi que l’ont relaté « le Ch’ni » et « radio BIP ». Seule la rédaction de « France 3 Franche-Comté » s’arrêtera sur le sujet, quand « l’Est Républicain » finira par répondre à la communication commandée par le parquet en taisant tout aspect jugé trop gênant. Certain·e·s iront encore plus loin en franchissant le champ purement professionnel, à l’instar d’Yves Quemeneur, militant ultraconservateur officiant pour « Hebdo 25 », livrant en pâture de jeunes mineur·e·s sur ses réseaux sociaux, coupables d’une orthographe approximative sur une banderole.
Hier, lors de la conférence de Raphaël Enthoven, les quelques photos glamours de protestataires pro-palestinien·ne·s diffusées par « France 3 », « Ici Besançon », ou « l’Est Républicain » cacheront encore des débordements évoqués par « le Ch’ni ». Les contraventions adressées pour tractage et le placage provoquant l’hospitalisation d’un opposant n’existeront tout simplement pas. Dans une envolée triomphaliste, la filiale du « Crédit Mutuel » se répandra même en « faible mobilisation » menée « sans incident majeur ». Si ce focus apparaît édifiant, il n’est toutefois qu’une petite retranscription de la situation… Mouvement sociaux, extrême droite, quartiers prioritaires, se voient délaissés et maltraités par les grands groupes, plus soucieux de leur confort intellectuel et relationnel, assurant leur rubrique faits-divers, que de se confronter à la vérité.
Illustration d’en-tête : Uniformes disposés derrière la grille du lycée Louis Pasteur de Besançon, le 10 septembre 2025 – Nadwo.