« C’est bien de reconnaître la Palestine, mais que restera-t-il de ce pays ? »

Il aura fallu de nombreuses tergiversations, mais Emmanuel Macron a finalement reconnu l’État de Palestine, hier lundi. Plus de dix ans après les parlementaires, alors que cent-cinquante pays avaient déjà passé le pas. Un geste symbolique salué à Besançon, lors d’un rassemblement, place du Huit-Septembre 1944 et d’une levée de drapeau, esplanade des Droits Humains. Mais à l’euphorie ambiante, a succédé un douloureux retour aux réalités : sur place, le génocide se poursuit, inlassablement, en particulier à Gaza. Pour certain·e·s, les attentes géopolitiques sont donc d’autant plus fortes, y compris au niveau local.
Près de l’hôtel de ville à 18h00, cent-cinquante personnes ont répondu présentes à l’appel de « l’Association France-Palestine Solidarité » (AFPS). Pendant une heure, les militant·e·s ont exposé la situation au Proche-Orient et la nécessité d’une solidarité internationale. « Cette issue diplomatique est importante, mais il faut aller plus loin, notamment par des sanctions contre Israël. Alors qu’une partie du champs politique a exigé que l’étendard apposé par la municipalité se voit enlevé, la population doit massivement afficher ces couleurs. Une campagne populaire est en cours, pour que toutes et tous nous pavoisions nos fenêtres » expose un historique de l’organisation.
Christophe Lime, adjoint et membre du « Parti Communiste Français » (PCF), a également rappelé que la ville entretient un partenariat étroit avec le camp de réfugié·e·s d’Aqabat Jabr : « approvisionnement en eau, gestion des déchets, équipements divers… depuis 2004, nous sommes à leurs côtés ! ». Un passif unanimement plébiscité, mais qui pourrait aller encore plus loin dans ce contexte. « Besançon est toujours jumelée avec Hadera, nous demandons logiquement une suspension des liens avec cette localité dès lors que les crimes de l’état continuent. Il ne s’agit pas de rompre définitivement, mais bien de confronter une partie prenante à ce qui se déroule sur son sol ou en son nom ».
À 21h30 rue Mégevand, une centaine de partisan·e·s étaient de nouveau réuni·e·s. Suivant l’appel d’Olivier Faure, Anne Vignot entendait saisir l’occasion pour hisser le drapeau palestinien. Entre un précédent qui s’était terminé devant le tribunal et le manque d’écho dans la région, préfecture et conservateurs obtiendront son retrait dès le lendemain matin. Peu importe pour l’édile et ses troupes, qui souhaitaient savourer « un moment historique ». Autre satisfaction de la poignée d’étudiant·e·s qui étaient là, « l’université Marie et Louis Pasteur » a désormais retiré toute mention à son alliance passée avec Megiddo. « Progressivement, ça avance. Mais encore faut-il se battre ».
« Les accords de coopération avec l’Union Européenne et la vente d’armes à Tsahal, ça n’a pas bougé d’un iota pour l’instant. Pendant que Macron berce dans l’emblématique, les fondamentaux se poursuivent. Ce que ses cercles assument parfaitement, Laurent Croizier en est l’illustration parfaite. Député du Doubs et pilier du « MoDem », il est aujourd’hui mis en cause devant la Cour Pénale Internationale pour son rôle dans cette tragédie. C’est bien de reconnaître la Palestine, mais que restera t-il de ce pays ? Les déplacements, les bombes, la famine… C’est un peuple qui disparaît sous nos yeux, il serait temps d’accélérer la prise de conscience » lance une jeune encartée « la France Insoumise » (LFI).
Illustration d’en-tête : Aperçu de la mobilisation initiée par « l’Association France-Palestine Solidarité » (AFPS), à 18h00 place du Huit-Septembre 1944. Malgré la pluie persistante, environ cent-cinquante personnes étaient présentes.