Ugo Palheta à Besançon : comment lutter contre le fascisme ?

C’est devant une soixantaine de personnes que le sociologue Ugo Palheta est venu donner une conférence ce samedi 20 septembre, dans le cadre d’une journée intitulée « résistances ». Sur la base de « Comment le fascisme gagne la France » (Cahiers libres la Découverte), son ouvrage paru en mai dernier, le conférencier et podcasteur de « Minuit dans le siècle » est venu brosser un portrait de l’extrême droite, notamment française, mais aussi de celleux qui ont permis son ascension au cours des dernières décennies. Avec comme horizon, une question brûlante : comment enrayer sa montée en puissance.

Si le tableau de l’extrême droite dressé par Ugo Palheta s’articule autour d’un ensemble de facteurs multiples et très bien implantés (main-mise médiatique, idéologies partagées par le pouvoir macroniste, dégradation des conditions d’existence engendrée par le capitalisme tardif, entre autres), et même si ces causes ne semblent pas sur le point de s’atténuer, l’invité n’en est pas pour autant pessimiste quant à de possibles solutions pour sortir de l’impasse. Au cours de deux heures de parole et d’échanges, il a esquissé les contours d’une lutte antifasciste possible et désirable.

Selon lui, les renoncements successifs de la gauche de gouvernement ont participé au retour des idées fascistes, des manœuvres de Mitterrand pour imposer Le Pen à la télé dès la fin des années 1980, à la catastrophe hollandiste préfigurant les années Macron. Sans pour autant désigner comme adversaire éternel l’une ou l’autre formation politique, il appelle à ne pas reproduire les erreurs du passé et à former des coalitions larges, seules vagues politiques capables de renverser la table conservatrice et capitaliste. Mais sans céder aux logiques boutiquières, encore trop présentes, ni aux tentations de négliger les minorités.

Un discours qui a pu siffler de façon désagréable aux oreilles du Comité de Vigilance Antifasciste de Besançon (CVA-B), organisateur de l’événement, dont les agissements depuis de nombreuses années s’inscrivent précisément dans ces logiques boutiquières, entre défense d’un pré-carré réservé à une troupe restreinte, dégoût des jeunes recrues militantes par leurs postures sclérosantes ou encore sorties autoritaires pour se défendre de positions antisémites et LGBT+phobes notoires. Une activité locale inconnue du conférencier, qui finira son intervention sur une note d’espoir.

Illustration d’en-tête : Ugo Palheta assis devant le bar de la salle Jean Zay, micro à la main.