À Battant, les fâcheuses contradictions de Ludovic Fagaut

Vice-président du conseil départemental en charge de l’action sociale, Ludovic Fagaut est parallèlement candidat aux prochaines municipales. Mais pour cet historique de la droite dure ancré au sein du parti « les Républicains » (LR), la double-casquette pourrait toutefois rapidement virer au casse-tête. Car pendant que sa majorité saigne la protection de l’enfance dans le Doubs, il se porte également en alternative crédible afin que, selon lui, la capitale comtoise retrouve sa quiétude d’antan. Dans ce « en même temps » que la communication brode à merveille, les réalités sont cependant plus gênantes qu’il ne veut bien le faire croire.
Depuis maintenant plusieurs mois, le quarantenaire arpente les artères de Battant afin de séduire le nombre de mécontent·e·s, chaque jour plus important, des politiques d’Anne Vignot. Dans un établissement populaire de la rue de la Madeleine, on se souvient par exemple très bien de son passage pour une réunion. « Il était beaucoup question de sécurité et de circulation ce soir-là, il dépeignait une cité à feu et à sang, abandonnée par une maire écologiste radicale obnubilée par la mise en place de bornes. Bien sûr que c’était totalement caricatural, mais ça a fait mouche chez certain·e·s commerçant·e·s et riverain·e·s » se remémore cet habitué du bar « le Bodega ».
Une capitalisation sur le rejet viscéral de la gauche, qui passe par de nombreuses publications via les réseaux sociaux. Comme le 14 septembre dernier, où le militant conservateur livrait en pâture des « sans domicile fixe » à travers de prétendues prises réalisées à leur insu. « Il est temps que ce quartier retrouve enfin du calme, de la tranquillité et un peu de sérénité » précisait-il. Avant de reprendre la charge, une semaine plus tard, s’élevant contre un investissement « pour aller servir du café aux personnes vulnérables dans la rue » avant de demander de « sortir la boutique Jeanne Antide de son emplacement actuel » affirmant que « le déni frappe la majorité actuelle ».
« Où sont les effets concrets des 200 000 € investis dans les médiateurs sociaux par la municipalité ? » tentera-t-il encore, pour enfoncer le clou. Selon Ludovic Fagaut, prétendant au mandat de premier édile, les choses sont donc claires quant à la situation et les responsables tout·e·s désigné·e·s. Oubliant, un peu vite, les effets de ses propres choix au département, dont celui du 25 mars 2025, où l’intéressé votait, avec ses compères, la « mise à mort » de la prévention spécialisée, renvoyant aux restrictions budgétaires fixées par un (ancien) premier ministre qui est aussi son proche camarade. Un tiers des postes étaient alors en jeu, menaçant les interventions dans certaines zones.
D’après nos sources, la traduction ne s’est pas faite attendre. Sur les dix-sept postes dédiés qu’il reste aujourd’hui à Besançon, on retrouve 10,6 équivalents temps pleins répartis entre Planoise, Palente/Orchamps et Montrapon/Saint-Claude. Mais des secteurs « prioritaires » ont surtout disparu de la carte, à l’instar de l’Amitié, des Clairs-Soleils, ainsi que de… Battant ! Un bilan lourd de sens et de résultats qui, étrangement, n’apparaît pas dans ses analyses. « Il est séduisant, mais son étiquette le perdra. Tout le monde sait quelles mesures il applique par ailleurs, donc ce qui nous attend. Ces recettes, elles ont provoqué une forte grogne et fait chuter Bayrou » résume un buraliste.
Illustration d’en-tête : Aperçu du quartier Battant en 2015, depuis le quai de Strasbourg – Zairon/cc-by-sa-4.0.