« Gens du voyage, des citoyens comme les autres… »

Jusqu’au 5 novembre, le centre Grette/Butte accueille une exposition de l’association « Gadjé » avec des œuvres de Jérôme Gaillard sur la thématique des « gens du voyage » de Franche-Comté. Au-delà de la définition administrative qui s’est désormais partout imposée, la structure et le photographe escomptaient restituer des scènes de vie ordinaires contant la réalité socioprofessionnelle de ces populations. « Par ces prises, j’ai voulu montrer l’humain. Alors que la stigmatisation reste très forte en France, c’était ainsi l’occasion d’apporter un autre regard pour déconstruire les clichés. Loin des unes tapageuses ou des discours simplistes, on retrouve des personnes travaillant de leurs mains, investies dans la société, pétries de valeurs universelles. Mettre en lumière ces histoires, c’est aussi lutter contre l’ignorance, l’indifférence, le mépris » précise notamment l’artiste.

À travers une dizaine de portraits disposés dans le hall du bâtiment, ce sont ainsi de véritables petites biographies qui se dessinent. À l’instar d’un focus sur Choupette, couturière, dont le parcours est ainsi résumé : « La couture, au départ, c’est une passion. Je suis autodidacte, j’ai appris les bases seule puis je me suis perfectionnée avec une professionnelle. Je n’ai pas fait de grandes études, c’est ma curiosité pour le métier qui m’a guidée. J’ai aussi fait un parcours pro (compta., communication) avec la BGE pour apprendre à mener un projet d’entreprise à son terme. J’ai ensuite intégré une couveuse d’entreprises pour tester mon projet. Aujourd’hui, j’ai pignon sur rue avec mon commerce mais j’ai l’ambition d’installer mon atelier et ma boutique dans ma maison que je suis entrain d’aménager en ce sens. De plus, je souhaite développer la vente en ligne de mes créations ».

Une initiative qui est donc portée par « Gadjé », référence fondée en 1988 et active sur la région Bourgogne/Franche-Comté. Moïse, animateur depuis sept ans, raconte, au gré des visites, ses combats, inquiétudes, espoirs. « Je suis dans l’aide administrative, sociale, relationnelle. Entre préservation de nos identités et intégration dans un monde qui bouge, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. La nouvelle génération a du mal à assumer la culture de nos ancêtres, les transmissions se perdent et les discriminations amènent au reniement. La langue, par exemple, est en train de complètement disparaitre. Alors, ce genre de projet, c’est important, pour témoigner, éduquer, défendre ». Le tout est aussi, évidemment, soutenu par la maison de quartier, qui connaît d’ailleurs bien le public visé à travers l’insertion des jeunes de l’aire de la Malcombe via « Vital’Été ».