Durant les municipales, la sempiternelle course aux albums Panini

Édito. Au sein du média indépendant « le Ch’ni », nous croyons en la pluralité des idées et des organisations. Qu’un courant de pensée, une pratique alternative, un historique riche, s’incarne à travers une formation spécifique plutôt que de se fondre silencieusement dans une structure de masse, c’est peut-être la meilleure manière d’animer, de reconnaître et d’inclure un maximum d’opinions surtout minoritaires. Mais, à l’occasion de certains scrutins, ce foisonnement vire à l’overdose. Lors de ces élections municipales, on retrouve déjà une palette de noms parfaitement confidentiels qui tiennent absolument à (re)prendre vie le temps de soutenir un·e candidat·e.

À Besançon, même chez les militant·e·s les plus affirmé·e·s, qui savait qu’il existait une section de « l’Engagement », mouvement de l’éphémère ministre Arnaud Montebourg, qu’il a fondé en 2021 ? À travers un communiqué de Laurent Cagne, cette force, qu’à peu près personne ne connaissait jusqu’alors, est sortie de l’ombre, afin d’apporter son soutien à la maire Anne Vignot. Un appui sans doute appréciable pour la prétendante à sa propre succession, mais il en faudra davantage pour obtenir mieux que les scores de 2020, affichant moins de 10 % d’approbation rapportée au nombre total d’habitant·e·s. Dans cette file interminable, combien de signatures analogues ?

Si « Place Publique », le « Parti Radical de Gauche », « Cap21 », « Génération·s », ainsi que « à Gauche Citoyens » se sont exprimés en faveur d’une liste ou d’une volonté d’unir toutes les tendances, le suspense risque toutefois d’être intenable pour la population qui attend désespérément que les antennes locales de « Génération Écologie », du « Parti Ouvrier indépendant », de « l’Après », du « Parti de Gauche », de « Nouvelle Donne », du « Mouvement républicain et citoyen », ou encore de la « Gauche républicaine et socialiste », pour ne citer que les partis qui conserveraient une vague existence dans la région, ne fassent connaître leurs positions décisives.

La blague pourrait continuer avec la liste des syndicats et associations, mais elle persiste d’abord auprès de celles et ceux qui, réuni·e·s hier, veulent imposer une synergie entre socialistes, écologistes et insoumis·e·s dès le premier tour. Du « comité citoyen pour le Nouveau Front Populaire », a surgi « l’appel des 1 200 », lui-même repris par « Victoire Populaire ». Pour nombre de participant·e·s, impossible de savoir qui tient quoi au-delà des titres ronflants… En privilégiant les batailles de salon pour rallier quelques miettes plutôt que de faire campagne afin de convaincre les habitant·e·s, la gauche réussira peut-être l’exploit de rassembler plus de logos que de bulletins de vote.


Illustration d’en-tête : Militantes socialistes lors d’un tractage au marché de Sannois le 1er avril 2012, à l’occasion de la candidature de Christine Neracoulis aux élections législatives pour la sixième circonscription du Val-d’Oise – Christine Neracoulis/CC BY-NC-ND 2.0.