Près de Besançon, le match de football vire aux violences racistes

Que s’est-il passé le 8 novembre dernier à Novillars, en marge d’un match de football opposant les équipes U18 de Roche-lez-Beaupré et Planoise ? Alors que les premiers menaient au score, la remontée des seconds a déplu sur les bancs rivaux. Les provocations se seraient alors enchaînées, se concluant par des injures racistes et des coups livrés à l’encontre d’un jeune joueur racisé. Certificats médicaux, vidéos de l’incident, témoignages circonstanciels, appuient en tout cas lourdement la charge. Au cœur des accusations, le comportement d’un entraîneur, qui avait déjà fait l’objet de sanctions, ainsi que d’un juge de touche, aux responsabilités les plus lourdes dans ce chaos. Les instances sportives et judiciaires sont désormais saisies de l’affaire, mais plusieurs voix tiennent d’ores-et-déjà à dénoncer la situation.


Cinq jours d’interruption totale de travail sous réserve d’examens complémentaires requis, c’est l’estimation préliminaire délivrée par un médecin après avoir acté les traumatismes physiques sur deux mineurs. Comme bien d’autres pièces que nous nous sommes procurées, la gravité des atteintes ne fait pas de doute. Mais, deux semaines après les faits, c’est le choc psychologique qui reste encore le plus significatif. Tout a basculé un samedi en fin d’après-midi, lorsque les clubs de Roche-lez-Beaupré et de Planoise s’affrontent sur le terrain. Si tout semble bien se passer à la première mi-temps avec un score respectif de 3-0, la seconde partie va être marquée par une remontée adverse, malgré un carton rouge. L
’entraîneur et le juge de touche de Roche vont alors multiplier les remarques et contestations, jusqu’au coup de sifflet final, où les choses dérapent.

« Lorsque notre joueur – le numéro trois – est allé saluer l’entraîneur et le juge de touche de Roche-lez-Beaupré, ce dernier lui a balancé « ne me sers pas la main, sale grosse merde de noir ». Tout le monde était abasourdi car c’était largement audible, alors notre gamin s’est approché de lui en lui demandant ce qu’il avait dit et c’est là que l’adulte lui a mis un coup au visage en hurlant que c’était « une sale merde qui n’était pas chez lui ». S’ensuivit une mêlée entre les participant·e·s, j’ai filmé le tout en appelant au calme. Mais ça n’a pas empêché que notre numéro onze soit frappé au tibia avec ce qui pourrait être une chaîne en fer récupérée là, quand notre numéro dix a été étranglé. La tension et les différends ça arrive, mais jamais je n’ai été confronté à un tel déchaînement » décrit Kevin Joliduc, entraîneur pour Planoise, qui a lancé les procédures internes, avant de soutenir les plaintes pénales annexes.

Une version corroborée par d’autres déclarations que nous avons pu obtenir, dont une attestation d’un membre de Roche-lez-Beaupré… Alors que celui-ci relève l’omerta qui régnerait, en soulignant que « personne ne veut parler », lui confirme précisément l’ambiance délétère, les saillies discriminatoires et les violences. Alors que le juge de touche apparaît coutumier des excès en tous genres, certaines sources exposant ses penchants peu tolérants, le coach, à ses côtés, a surtout déjà fait l’objet de multiples sanctions, notamment pour des « propos déplacés ». Sollicitée par mail à ce sujet, l’association à laquelle les deux intéressés sont rattachés nous a répondu : « L’Entente Roche Novillars lutte, condamne et combat toutes formes de violences verbales physiques racistes et discriminatoires, que ce soit sur ou en dehors des terrains. Pas d’autre commentaire ».


Illustration d’en-tête : Aperçu des salutations qui dégénèrent en mêlée générale après l’agression d’un joueur de Planoise attribuée à un juge de touche de Roche-lez-Beaupré, extrait d’une vidéo plus large de l’incident récupérée par nos soins – capture d’écran.