À Besançon, un 25 novembre particulièrement marqué par le deuil

Environ six cents personnes étaient mobilisées ce jour à Besançon, dans le cadre de la « journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des minorités de genre ». Un rendez-vous déjà habituellement empreint de déférence, 149 féminicides étant recensés depuis le 1er janvier par le collectif « Nous Toustes ». Mais qui, à travers le crime perpétré le 20 novembre dernier, est traversé par un deuil d’autant plus fort. Laure Zygmaniak, trente-deux ans, a en effet été abattue par son ex-compagnon aux Prés-de-Vaux. La victime, bénéficiaire d’un dispositif d’alerte, avait déposé plainte contre lui, alors que l’auteur présumé, qui a reconnu les faits et se trouve en détention préventive, avait déjà été inquiété de multiples reprises pour des atteintes analogues. Dans le défilé, la colère a donc succédé à l’émotion.


Esplanade des Droits Humains, une longue minute de silence s’est imposée avant que les rangs ne se forment. Un groupe de participant·e·s vêtu en rouge prend alors la tête du cortège, derrière de larges banderoles « repose en paix », « stop aux féminicides », ou encore « que fait la justice ? ». Un leitmotiv repris ensuite dans les slogans, entonnés avec tout autant de vigueur. Une présence visible qui en a interpellé plus d’un·e, dans ce petit monde militant finalement très codifié. Sous cette initiative se trouve un club de supporters/supportrices du « Racing Besançon », le « Brigata Vesontio » dont Laure Zygmaniak était membre. « Après un premier hommage ce jeudi au stade Léo Lagrange, on voulait transposer cela dans la rue. C’est un très gros choc pour nous, on se devait donc d’être là pour porter sa mémoire et cette cause » nous indiquera un historique.

Au départ, esplanade des Droits Humains.

À l’origine de cet appel, les représentantes de « l’intersyndicale féministe » (« CGT », « FSU », « SUD/Solidaires ») ont d’abord épinglé la montée des idéologies masculinistes et le peu de réponses concrètes apportées par l’État. Entre deux chants de la « horde vocale », la marche sera également ponctuée par d’autres prises de parole : « Solidarité Femmes », « Nouvel Esprit », « Intransigeance », « Partage, Droit, Autonomie », Trans’Comté » et « Antispéfem », revenant, dans le détail, sur les manquements encore patents relatifs à la considération de la parole, l’absence de moyens pour lutter efficacement contre les violences sexistes et sexuelles, ou les problématiques spécifiques quant aux liens entre condition animale et logiques de domination, à la consécration des droits LGBT+, ou à la considération des travailleurs/travailleuses du sexe.

Le cortège de tête, derrière une large banderole « stop aux féminicides ».

Sur cet ultime volet, un discours tenu place du Huit-Septembre 1944 dénonçait d’ailleurs la participation du mouvement « le Nid » aux dates féministes locales, comme le village du 8 mars. Bien que décriée pour ses positions jugées discriminatoires sur plusieurs axes, cette entité se voit encore aujourd’hui imposée par la ville de Besançon, partageant une même philosophie abolitionniste, laquelle n’aurait pas hésité à menacer l’évènement de représailles administratives et financières si ce partenariat venait à être contesté. Un point de tension récurrent, entre des sphères institutionnelles soixante-huitardes et une part croissante des militant·e·s de terrain aux horizons autrement plus intersectionnels. « On a pas eu le choix d’inviter cette organisation, mais on espère qu’elle aura la décence de ne pas venir ! » fut-il par exemple asséné au micro.

Détail d’une pancarte, indiquant « un féminicide tous les deux jours en moyenne en France – et c’est un choix politique ».


Illustration d’en-tête : Aperçu de la tête de cortège, au niveau de la rue des Granges.