Sandra Maubre, Miss Ronde Bourgogne-Franche-Comté 2025 : « J’avais besoin de retrouver ce petit quelque chose »
À 41 ans, Sandra Maubre a repris goût à la vie après des années minées par les violences conjugales et la maladie. Le concours Miss Ronde a été une occasion pour cette Franc-Comtoise de se détacher du regard superficiel de la société sur les normes physiques et aussi de défier les clichés. Voici le portrait du mois, tout en légèreté.
Un combat personnel
En rouge et blanc, Sandra Maubre, 41 ans, assume pleinement ses rondeurs et sa couronne. Elle est Miss Ronde 2025 depuis le mois d’août. Au cœur du parc de la Gare d’eau à Besançon, en ce mois d’octobre, la Franc-Comtoise s’amuse et rit des choses lourdes et graves qui ont parsemé son parcours avant la fameuse couronne régionale. « Mon histoire a été très compliquée. Des violences conjugales pendant dix ans m’ont fait perdre confiance en moi. Je pensais avoir trouvé quelqu’un, mais c’était aussi une relation toxique pendant six ans. Je suis alors tombée gravement malade avec, à la clé, une grosse perte de confiance en moi, encore », raconte-t-elle, sans une once de gravité.
Elle a réglé ses comptes une bonne fois pour toutes avec son passé. Aujourd’hui, pour elle, le mot d’ordre : être heureuse comme elle est. « Je fais d’abord ça pour m’amuser et je me dis pourquoi pas repartir avec une écharpe en national. »

D’ailleurs, le concours national, qui aura lieu le 17 janvier 2026, Sandra Maubre ne s’y attache pas davantage : « Je me dis que j’ai déjà tout gagné. » Décontractée, les épaules bien ouvertes, le regard franc et assumé, elle ne vient pas confier des douleurs et des peines d’autrefois, elle vient surtout pour gagner, non pas une couronne, mais la confiance en soi. « J’ai longtemps cherché un moyen de la retrouver. Une fois, une amie m’a dit qu’il fallait que je reprenne cette confiance que j’avais perdue. Il fallait que j’arrive à retrouver la flamme. À force de regarder les réseaux, on se dit pourquoi pas ? » explique-t-elle.
Un concours de Miss, elle y avait déjà porté une certaine attention il y a quelques années, sans jamais oser franchir le pas : « Je voulais vraiment y aller, mais c’est le comité qui m’a écrit en premier pour me dire qu’il recherchait des candidates et je me suis dit « finalement c’est peut-être le signe que j’attendais ». Je leur ai répondu, j’ai passé les tests. Iels m’ont sélectionnée et voilà, j’en suis là aujourd’hui » dit-elle en riant à gorge déployée, toujours aussi décontractée.

Ces regards qui comptent
Aujourd’hui, ce que cela lui apporte, elle le retrouve surtout dans le regard de celles et ceux qu’elle aime le plus. « Quand je me lève, je vois ma fille avec ses yeux pleins de fierté et l’homme que j’aime qui me dit que je suis de plus en plus belle. Il ne m’a pas connue avant et je lui ai dit : « Tu es en face de Sandra d’avant, celle que tu n’as pas connue. »

Et pour les besoins du concours, Sandra n’a plus peur de s’afficher, libérée des regards superflus de tous les autres : « Le fait qu’on soit vu par beaucoup de monde dans le cadre de ce concours, je pense qu’on se dit qu’il faut y aller. Je me dis : « Fonce dans le tas et dégomme tout ». Avant, je me serais dit pourquoi je fais ça, je vais encore m’en prendre plein la tête. Mais aujourd’hui, aux commentaires négatifs sur les réseaux, j’ai envie de dire à celleux qui les écrivent : « Faites votre vie, tracez votre chemin. Allez ailleurs si cela ne vous plaît pas” » s’amuse-t-elle.
Lutter contre la grossophobie
Depuis son couronnement, Sandra a reçu quelques commentaires désobligeants sur les réseaux sociaux : « Il y a plein de gens qui me disent « Ouais t’es grosse, faut pas t’habiller comme ça, faut t’habiller en noir, faut te cacher… » Mais moi, j’ai toujours voulu m’habiller comme ça et en plus, ma fille m’a mise au défi. Je l’ai fait. Je me suis dit qu’en fait on n’a qu’une vie, donc je ne m’occupe pas du regard des gens et je vis ma vie pour moi. »
Le jour de l’entretien qu’elle a accordé au Ch’ni, elle est accompagnée du représentant du comité Miss Ronde Bourgogne-Franche-Comté FIFRG (pour Fédération Internationale des Femmes Rondes et Glamours), Cédric Ratti, Mister Rond France 2024. Pour lui, la raison d’être du concours, c’est aussi de lutter contre les stéréotypes : « Nous luttons contre les clichés. Le concours a été créé pour lutter contre la grossophobie et contre les stéréotypes, car aujourd’hui les jeunes femmes qui se présentent subissent cela au quotidien, sur les réseaux sociaux, dans la rue, à travers les regards… » explique-t-il.

Car selon lui, ce qui fait la différence, ce n’est pas le regard des autres, mais le bien-être des femmes qui se présentent au concours : « Nous avons mis cela en place pour dire aux jeunes femmes : « Non, vous êtes belles comme vous êtes. Il faut oser, oser avancer et gagner en confiance en soi-même. » Et notre rôle est de leur donner envie et de continuer de se battre pour qu’elles se disent « Non, je veux me battre, je suis comme ça et je m’affirme comme ça” » indique-t-il.
Pour Sandra Maubre, l’opération est réussie. Ayant retrouvé une confiance longtemps perdue, de son propre aveu, elle a abandonné ses tenues noires pour enfiler ce qu’elle préfère, des habits hauts en couleur. Aujourd’hui, si elle avait un message à faire passer à celles et ceux qui subissent la grossophobie, ce serait celui-ci : « Tu veux t’habiller en moulant, tu t’habilles en moulant, tu veux t’habiller en rouge, tu t’habilles en rouge… Et surtout il faut vivre sa vie en couleur et rêver en couleur… » conclut-elle avec un mélange spontané de détachement et d’amusement.
Illustration d’en-tête : Sandra Maubre, parc de la Gare d’eau à Besançon où elle a accordé un entretien au Ch’ni. Myriam Bendjilali.
