À Besançon, l’historien Benjamin Stora revient en détail sur les relations France-Algérie
« Je ne suis pas passé à Besançon depuis les années 1970, ça me fait donc très plaisir de revenir ici pour cette occasion » a déclaré Benjamin Stora pour lancer la soirée, devant les quelque cent-cinquante à deux cents participant·e·s présent·e·s hier, salle de la Malcombe. Car c’est presque en « enfant du pays » qu’est en effet venu l’historien renommé, ses attaches familiales sur Khenchela faisant écho à une bonne part de la diaspora locale. Un panorama migratoire dépeint par Khaled Cid, organisateur, en première partie de soirée, revenant sur les traits et spécificités de ces populations dans la capitale comtoise. À l’image « des Founottes », quartier typique de cette période.
Avant d’aborder en profondeur les questions coloniales, post-coloniales et mémorielles, qui, aujourd’hui encore, permettent de comprendre les relations entre la France et l’Algérie. Une trame détaillée dans son dernier ouvrage réalisé avec Thomas Snégaroff, « France-Algérie – Anatomie d’une déchirure » (« les Arènes », 2025). Poids de « l’Étoile nord-africaine », rôle de Messali Hadj, statut des « SNP », furent autant d’aspects analysés, jusqu’à la guerre, de la « Toussaint rouge » aux « Accords d’Évian », influant la diplomatie actuelle. Le tout suivi des réactions du public, bien des intervenant·e·s pointant « une réalité longtemps cachée des manuels, médias et discussions ».
Une autre voix s’interroge, quant au basculement sémantique « d’évènements » à « guerre ». « Ce n’est pas l’histoire ou le droit qui ont motivé cette évolution, mais, comme souvent, un problème d’argent. Les anciens combattants, sous la première acception, ne pouvaient prétendre à des retraites et compensations. Leurs représentants ayant fait pression, la loi a finalement reconnu la nature de leur engagement, entraînant, derrière, la requalification en véritable conflit » précise Stora. Alors que la tête d’affiche conclut, beaucoup espèrent que des conférences analogues auront lieu ; une suite pérenne à laquelle réfléchit déjà Khaled Cid, à travers l’émergence d’une association dédiée.
Illustration d’en-tête : Aperçu de la conférence, hier soir salle de la Malcombe ; à la tribune, Khaled Cid (à gauche) et Benjamin Stora (à droite).
