« Nous aussi, on paie le loyer ! »
Le 17 décembre 2003 aux États-Unis d’Amérique, était instaurée la première « journée internationale pour l’élimination des violences faites aux travailleuses et travailleurs du sexe », notamment afin d’honorer la mémoire des victimes du tueur en série Gary Ridgway. Depuis, dans de nombreuses ville du monde, cette date a été adoptée. C’est aussi le cas à Besançon, depuis 2022. Une mobilisation organisée sous l’égide de « Partage, Droits, Autonomie » (PDA), une association fondée en 2010 et agissant en syndicat professionnel pour l’ensemble des TDS et prostitué·e·s. L’occasion d’évoquer, inlassablement, la situation dans la région, une somme de revendications socio-politiques, ainsi qu’un appel à la considération et à la solidarité.

Pendant une heure, place Louis Pasteur, les concerné·e·s ont témoigné de leurs parcours, de leurs difficultés, de leurs souhaits. Contrairement aux sous-évaluations (récurrentes) de « l’Est Républicain » – filiale du « Crédit Mutuel », c’est une soixantaine de participant·e·s qui ont été comptabilisé·e·s au plus fort de l’évènement par nos soins (via deux comptages, livrant soixante-huit puis soixante-et-onze personnes). Toutes et tous avec des sensibilités très variables, même si le manque de représentant·e·s d’organisations militantes est palpable. « Seule Séverine Véziès [« la France Insoumise »] s’est excusée, sinon l’absence est totale. Mais, pour s’empresser de donner son avis et condamner nos pratiques, il y a toujours beaucoup de monde » s’emporte une historique.

Un climat ambiant de mépris, de rejet, d’ostracisme, qui participe pleinement aux brutalités dénoncées. « Notre quotidien, c’est de devoir faire face aux potentielles agressions morales, physiques, sexuelles, de la part de client·e·s et de tiers·e·s. Mais, aussi et surtout, aux offensives sociétales et institutionnelles, qui favorisent et amplifient lourdement ces problématiques. Notamment le délit de proxénétisme, qui permet d’inquiéter quiconque apporte un concours à cette activité, même une aide sanitaire ou pratique entre collègues, ou la loi de 2016, instaurant une forte contravention pour « l’achat d’actes sexuels », nous contraignant ainsi à accepter les pires prises de risques pour taffer. Sans parler des spécificités, comme des arrêtés municipaux sur le racolage » poursuit notre interlocutrice.

« Pour celleux qui sont étrangers/étrangères sans-papiers, trans/LGBT+, neuroatypiques, c’est parfois la seule façon de survivre. Nous aussi, on paie le loyer ! Tout ce qu’on demande, c’est donc de pouvoir exercer sans craintes notre gagne-pain. Les réalités de la traite des êtres humains ou des abus sur mineur·e·s, évidemment, on les dénonce sans faille. Mais on n’a pas à en porter le poids, le fait de nous taper opportunément dessus ne règlera en rien ces questions. Se cacher derrière ces infamies afin de nourrir la répression morale exigée par quelques petit·e·s-bourgeois·e·s abolos, c’est à la fois manipulatoire et odieux. Mais on n’en attend pas davantage des pouvoirs publics, en particulier la majorité municipale actuelle, qui valide toutes les mesures et rhétoriques putophobes » conclut une autre.
Illustration d’en-tête : Aperçu du rassemblement « pour l’élimination des violences faites aux travailleuses et travailleurs du sexe », hier soir place Louis Pasteur. Outre des pancartes et des bougies, on peut aussi apercevoir des parapluies rouges en symbole du combat des TDS.
