Aux côtés des questions sociales et antifas, un 10 septembre étudiant également très porté sur la cause palestinienne

Depuis près de deux ans, les habitant·e·s de Besançon ne manquent pas d’exprimer une solidarité tenace concernant la situation sur Gaza. Une sensibilité aussi naturellement présente en marge des établissements scolaires, où elle s’y était notamment manifestée au cours de l’année 2024. Alors que le front martial et le contexte humanitaire ne cessent de s’aggraver en Palestine, la nomination de Sébastien Lecornu comme premier ministre a ravivé une colère profonde quant aux ventes massives d’armes à Israël. C’est donc en toute logique qu’une part conséquente de la jeunesse comtoise s’est parée de couleurs internationalistes, de la fac occupée durant deux jours au cortège-monstre du mercredi après-midi.
Dès l’assemblée du 8 septembre qui consacrait le blocus de l’UFR-LHS Mégevand, le ton était clairement donné. Après avoir listé les mesures délétères prévues par le gouvernement Bayrou, une participante prend la parole : « Il ne faut pas oublier que l’université Marie et Louis Pasteur entretient un partenariat avec Megiddo, qu’elle n’a jamais dénoncé. Aux inégalités économiques et à la montée de l’extrême droite, on se doit aussi de dénoncer cela ». Si le soutien à un peuple désormais touché par la famine était déjà une évidence pour beaucoup, cette dimension locale n’a pu que renforcer la détermination ambiante. A fortiori quand le nom du nouveau locataire de Matignon fut annoncé le 9 septembre, s’agissant de l’ex-chef des armées.
Avec l’occupation du site, les symboles se sont alors multipliés, au fronton de l’édifice comme à son entrée principale. À l’étendard rouge et noir de la réforme des retraites, les teintes noire/blanche/verte/rouge ont été préférées au regard de la conjoncture. Mais l’initiative n’a pas été du goût de la présidence, peut-être refroidie par un précédent municipal. Si un retrait partiel s’était opéré concernant les emplacements officiels, ce n’était que pour mieux dénoncer la problématique à travers une banderole : « Pourquoi le drapeau ? Cette université : 1. Est en partenariat avec Israël ; 2. Est soutenue par Thalès ; 3. Ne veut pas qu’on en parle ». Après deux jours de siège, cette visibilité s’évanouira en même temps que les cours reprendront.

Mais pas de quoi faire disparaître l’étendard et les revendications associées, bien au contraire. Alors que les lycéenn·e·s, étudiant·e·s et jeunes constituaient le gros des troupes, c’est à l’occasion des défilés du 10 septembre que cette attache a été la plus palpable. Exemple dans certains établissements, comme Louis Pasteur, au centre-ville, où les pancartes ont été abondantes. Une profusion qui s’est transposée avec les milliers de protestataires, parti·e·s en marche sauvage jusqu’à la rocade. « Palestine vivra, Palestine vaincra », « Nous sommes toustes, des palestinien·ne·s », « Free, free, Palestine » pouvait-on largement entendre de part et d’autre, au milieu des keffiehs, pancartes explicites et divers symboles telle que la pastèque portée en pin’s.
Au sein de la synergie naissante, les plus puristes et réactionnaires prendront leur distance sur les fils « Telegram » dédiés. Une division qui irrite : « La convergence des luttes, c’est cela. On peut dénoncer l’ensemble des injustices, sans devoir choisir ou hiérarchiser. Moi, je me sens autant concernée par la misère sociale promise par Macron que par le rôle de la France dans les massacres au Proche-Orient. Les combats ne s’annulent pas, ils s’additionnent » plaide une protagoniste, présente dans un groupe où les écrits se focalisaient sur les « enfants tué·e·s par Tsahal ». « Quand on se dit antifa, c’est se lever contre les discriminations, dont l’antisémitisme et l’islamophobie, mais aussi vouloir abattre le capitalisme, le colonialisme et l’impérialisme » achève un de ses camarades.
Illustration d’en-tête : Aperçu de la tête de cortège du 10 novembre, avenue de la Paix. Deux pancartes sont brandies, reprenant des slogans relatifs aux questions socioéconomiques et pro-palestiniennes. En arrière-plan de cette manifestation dont on ne voit pas le bout, on distingue également un étendard palestinien qui flotte au vent.