Plusieurs milliers de manifestant·e·s à Besançon, au moins 10 000 en Franche-Comté

Après les prémices du 10 septembre, ce jeudi 18 devait être le théâtre d’une forte mobilisation. À Besançon, la matinée a commencé dès l’aube, avec le blocage de l’UFR-SLHS Mégevand et de lycées, comme Pasteur et Ledoux. Une trentaine de téméraires s’était également retrouvée sur Chateaufarine pour tenter une action ciblée, mais les forces modestes et la présence d’effectifs sécuritaires n’a pas permis qu’elle se concrétise. Le monde de la santé exprimait par ailleurs sa colère, en particulier les pharmacien·ne·s et kinésithérapeutes, en grève et en cortège dans le centre-ville. Venu·e·s de toute la région, environ cinq-cent praticien·ne·s entendaient ainsi protester contre les mesures visant les remises spécifiques relatives aux traitements génériques, dénonçant un fort manque à gagner avec de lourdes conséquences économiques.

Mais le tournant fut durant l’après-midi, avec un cortège intersyndical au départ de Révolution. Les dispositifs déployés ont été très importants, incluant compagnies de CRS, escouades motorisées, membres de la BAC, mais aussi drones de surveillance anticipés par deux arrêtés préfectoraux publiés hier soir. Les pouvoirs publics souhaitaient absolument éviter la déroute subie avec le mouvement « bloquons le pays », contraints de laisser les révolté·e·s évoluer à leur guise jusqu’à prendre la rocade. Les consignes étaient donc strictes sur ce volet, aucune envolée « sauvage » ne devait être permise. Avec 5 000 à 8 000 participant·e·s selon les revendications de la « CGT » à « LFI », le pari était audacieux. Pour la première fois un cortège de tête exclusivement lycéen s’est formé, avec une banderole évoquant les violences policières et la situation en Palestine.

« J’ai cessé le travail aujourd’hui, ça n’arrive pas si souvent. Mais comme beaucoup, j’en ai ras-le-bol. Dans un pays aussi riche, la population ne s’en sort plus. On ne parvient pas à boucler les fins de mois, alors que le peu de conquis qu’ils restent se voient sans cesse attaquer. Il faut réagir, maintenant. Certain·e·s ne se chauffent plus, des retraité·e·s volent dans les supermarchés pour manger, on peut mourir d’attente aux urgences. C’est déjà ça, la réalité ! » explique notamment Mathilde, blouse blanche du coin. Pour les plus jeunes, cette analyse se couple à des craintes palpables quant à la fascisation de la société, l’effondrement écologique ou le génocide perpétré à Gaza. « Le monde délétère que nous promet Emmanuel Macron c’est aussi le sacrifice de notre génération, on se doit donc de répondre massivement notre opposition » assume Léa, qui vient d’entamer un cursus à l’ISBA.

Les chiffres sont significatifs, mais pas seulement dans la capitale comtoise : 2 000 à Belfort, 1 500 à Montbéliard, 800 à Lons-le-Saunier, 700 à Dole, 600 à Vesoul, 300 à Saint-Claude… Soit, sur la Franche-Comté, plus de 10 000 protestataires. Plusieurs embardées se sont esquissées sur le trajet, avec un face-à-face croisement pont de Bregille/avenue Arthur Gaullard. « Pendant un temps, tout le monde a cru que le barrage serait forcé » expose un observateur. Mais le parcours s’est poursuivi jusqu’à Chamars, où un petit contingent s’est à nouveau détaché jusqu’au pont Canot. Malgré une dispersion à 17h30, la soirée s’est achevée dans le chaos, jusqu’à huit interpellations « isolées et particulièrement violentes » étant rapportées. Les appels à une reconduction se multiplient déjà, d’une assemblée générale le soir-même à un piquet annoncé demain à 7h15.

Illustration d’en-tête : Aperçu du cortège à Besançon, rue Battant.