À Besançon, un 18 septembre également synonyme de forte répression

Ainsi que nous l’esquissions dans notre compte-rendu, la mobilisation d’hier fut émaillée d’incidents survenus en toute fin d’après-midi. Alors que le gros des troupes contestataires s’était éclipsé à partir de 16h30, un petit groupe de téméraires entendait effectivement jouer les prolongations dans la vieille ville. Leur traque s’est instaurée dans le secteur Rivotte, amenant une vive coercition aujourd’hui décriée par diverses organisations syndicales et politiques. Si les huiles se bornent à confirmer que « moins de dix individus se trouvent dans les geôles », jusqu’à huit pourraient être concerné·e·s. Après de premiers dérapages relevés par nos soins, l’aboutissement logique d’une frénésie visant à casser le mouvement ?

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La vidéo ne dure que quelques secondes, mais livre une scène particulièrement brutale. On y voit un jeune homme, gisant inconscient sur la chaussée, entouré par une demi-douzaine d’uniformes qui procèdent à son interpellation. Si la captation tournait déjà dans les milieux militants locaux dès hier soir, la plateforme alternative « Cerveaux Non Disponibles » l’a publiée ce matin. Ainsi que le confirment son auteur, retrouvé par nos soins, précisant « avoir du stopper sous les menaces », notre consœur Emma Audrey de « radio BIP », qui était sur place, les témoignages d’autres participant·e·s, circonstanciés, ou encore de multiples documents glanés, en particulier auprès de riverain·e·s, les faits se sont bien déroulés hier entre 17h30 et 18h00 rue de Pontarlier.

« Après la manifestation intersyndicale achevée sur Chamars, une centaine de protestataires a voulu continuer à défiler dans les rues du centre. C’était un cortège dit sauvage, c’est-à-dire en-dehors des déclarations officielles. Il y avait une volonté d’occuper des lieux symboliques comme les Galeries Lafayette, dont le rideau métallique a pu être altéré à cette occasion. Au niveau de la place Jean-Cornet, une déferlante s’est alors abattue. J’ai vu des gosses écrasé·e·s par les véhicules de l’escouade motorisée qui leur fonçait délibérément dessus, puis fracassé·e·s à coups de poing et de matraque télescopique. J’étais sous le choc » expose un référent de la « CGT-Éducation » engagé dans ce défilé. Comme lui, bien d’autres voix corroborent ce « véritable théâtre de guerre ».
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Sur la porte principale de la Préfecture du Doubs, un graffiti fut inscrit durant la manifestation principale : « La police assassine et la justice acquitte ».


Selon nos informations, quatre à huit personnes dont des mineur·e·s auraient ainsi été placées en garde-à-vue. Dans cette phase chaotique de dispersion, les captures se sont en tout cas multipliées de l’avenue Gaulard à la place Pasteur pour des motifs allant de l’attroupement aux dégradations. À l’instar d’un bisontin jusqu’alors sans histoires cueilli devant l’enseigne « Quick », à qui il serait reproché un jet de projectile. « J’ai pu avoir des nouvelles, je sais qu’il va bien et qu’il est traité correctement. À priori on lui reproche des violences sur dépositaire de l’autorité publique, mais ayant été avec lui une bonne partie du trajet je pense que ces accusations sont farfelues » atteste sa sœur, campée devant le commissariat de la Gare-d’Eau avec une vingtaine de soutiens.

« Ce 18 septembre, le déploiement sécuritaire a été monstrueux. On l’avait déjà constaté durant tout le parcours, la plupart des membres de la Brigade Anti-Criminalité brûlait de casser du gauchiste. Une réponse policière, judiciaire, carcérale, fut montée pour endiguer une dynamique horizontale et spontanée menée en grande partie par les lycén·ne·s et les étudiant·e·s. Après la claque essuyée une semaine plus tôt, le message se voulait donc clair… Faites votre petite marche autorisée, mais si derrière l’un·e ose à nouveau sortir du rang la sanction sera terrible. Pour vos corps, votre avenir, vos proches » s’emporte une encartée à « SUD/Solidaires ». Ce vendredi midi, personne n’était encore ressorti, mais quelques-un·e·s devraient être libéré·e·s prochainement, dont celleux ayant reconnu leur culpabilité.


Illustration d’en-tête : Face-à-face entre un uniforme et un manifestant, lors d’un moment de tension au cortège officiel croisement avenue Gaulard/pont de Bregille. La restitution non-floutée de cette scène a été expressément demandée et autorisée, concernant les deux intéressés figurant au centre.