Une « marche des résistances » ambitieuse mais en demi-teinte

Dans le cadre d’une date nationale, une manifestation était organisée ce dimanche à Besançon. Si jadis ce rassemblement aurait été dédié au climat, au moins dans son intitulé, la volonté d’appeler à une « journée de résistances » avait pour objectif d’intégrer d’autres luttes comme les questions sociales et antifascistes. « Dans notre ville, l’ensemble des sujets se retrouve déjà spontanément dans les mobilisations. Mais là, l’idée, c’est de l’afficher, du volet environnemental, qui reste le cœur de cette action, aux réalités des discriminations et des injustices économiques, qui sont leurs pendants directs. C’est tout un système que nous entendons combattre, donc il est logique d’additionner ces colères » précise une membre « d’ANV/COP-21 ».

Entre un panneau dénonçant la « loi Duplomb » et un artéfact reprenant la tête de Marine le Pen, cette ambition d’intersectionnalité est en effet palpable. Un horizon qui se matérialise surtout avec le choix original du trajet, car si le départ reste dans le centre, le défilé doit, quant à lui, aboutir quatre kilomètres plus loin, à Planoise. « Quand on évoque ce quartier, 90 % des militant·e·s désertent. Dans nos milieux, il y a de gros conservatismes. Alors c’est un risque, mais courageux je trouve » souligne une mère de famille des Chaprais. « Je ne sais pas si c’est le secteur qui pose problème, ou plutôt l’annonce de la distance. Après, si on croit en cette cause, ça reste un détail. Mais pour les plus ancien·ne·s, ou les enfants, par exemple, ce n’est peut-être pas si simple » tranche une membre de « Solidaires ».

À 10h30 parc de la Gare-d’Eau, les masses se font toutefois encore attendre, en particulier les cohortes lycéennes et étudiantes, très présentes ces dernières semaines et habituellement sensibles à cette thématiques. Environ 250 à 300 participant·e·s se présenteront finalement, bien moins que ce qu’espéraient « Alternatiba », « France Nature Environnement », les « Ami·e·s de la Terre France », « Zéro Déchet » ou encore et « les Jardins des Vaîtes ». Pas de quoi saper le moral des troupes, qui se lancent sous un grand soleil. Politiques écocides, société de consommation, répartition des richesses, montées de l’extrême droite, impérialismes au Proche-Orient et au-delà, seront abordés dans les prises de parole, mais aussi dans les slogans repris le long de la route.

« Avec le changement climatique, les extinctions de masse, la raréfaction des ressources, c’est important d’être là. On a encore vu il y a quelques jours les nouvelles concernant l’acidification des océans, donc oui, on est dans un stade critique. Le débat n’est plus sur est-ce que la catastrophe va arriver, mais comment la limiter pour que notre espèce et les générations futures aient une chance d’y survivre. Il y a bien sûr des modifications à faire sur nos modes de vie, comme le recours à une alimentation moins carnée. Mais aussi et surtout des logiques avec lesquelles on doit rompre en urgence, à l’échelle des états. La réintroduction de néonicotinoïdes était une folie, mais la fronde populaire que ça a suscité prouve qu’on peut encore agir » nous confie longuement une jeune salariée.

Après une heure de chemin, un arrêt s’effectue près de Micropolis. Il ne reste déjà plus qu’une bonne centaine de protagonistes, les autres, dont les invitées de marque Anne Vignot et Dominique Voynet, ayant quitté l’aventure. Un discours est alors réalisé sur le projet de contournement de la RN57, particulièrement contesté par les écologistes. « On a été débouté·e·s sur la quasi-totalité de nos recours, sauf à propos du financement. Mais pour nous, le combat continue. Plus que ce chantier qui est déjà un gros dossier, on souhaite porter l’accent sur nos choix communs. Continuer à privilégier le tout bagnole en y investissant des sommes colossales, c’est un problème » argumente un opposant historique. Avant de terminer au le parc urbain, sur un pique-nique.

Illustration d’en-tête : Aperçu du cortège, au niveau de la rue du Général Jean-Marie Brulard.