Dans la presse locale, le « Rassemblement National » n’est déjà plus d’extrême droite

Vendredi 26 septembre, salle de la Malcombe, le monde lepéniste était réuni afin de lancer sa campagne pour les prochaines échéances municipales. Une liste est en effet prévue à Besançon, l’occasion de présenter les principales têtes et les premiers axes du programme. Si « le Ch’ni » n’était pas le bienvenu au prétexte d’une absence d’accréditation, les autres titres de la région étaient quant à eux accueillis à bras ouverts. Il faut dire que les différentes annonces et retranscriptions de la situation n’ont souffert d’aucune contrariété, les positionnements d’usage n’apparaissant jamais pour qualifier le mouvement, les protagonistes ou les idées avancées.

Un historique édifiant y compris dans la région, un passif interminable de graves dérapages ces dernières années, un tandem oscillant entre église traditionaliste et concepts du IIIe Reich, une décision claire du conseil d’État, ou encore un déroulement de propositions typiques axées sur la sécurité… Mais, dans la capitale comtoise, pas de quoi en tirer la moindre conclusion, du côté de la presse, quand il s’agit de rappeler, même symboliquement, où se place le « Rassemblement National » sur l’échiquier politique. En tout cas, pour « l’Est Républicain », « Plein Air », « BFMTV », « Ici Besançon » et « MaCommune.info », cette précision n’est plus de mise.

C’est à peine si les trois dernières rédactions évoqueront la présence des identitaires de « Némésis » en qualifiant bien le collectif d’extrême droite, mais offrant un résultat paradoxal puisque donnant la sensation de mieux dédouaner le parti en question de l’être lui-même… Une « dédiabolisation » inespérée, servie sur un plateau de manière spontanée et unanime, alors qu’il est du rôle de chaque journaliste d’éclairer de manière équilibrée mais juste l’information livrée. Pendant que le climat de montée et de banalisation des idées réactionnaires se vérifie chaque jour davantage, cette omission sémantique apparaît ainsi particulièrement lourde de sens.


Illustration d’en-tête : Meeting du « Rassemblement National », le 1er mai 2012 à Paris – Blandine Le Cain/CC BY 2.0.