Le photoreportage du mois : affaire Péchier. Jour 1 du procès

Le 8 septembre s’est ouvert le procès de l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier en cour d’assises, au tribunal de Besançon. Celui qui était arrivé à Besançon en 2005 est accusé d’avoir empoisonné, avec préméditation, trente patient·e·s et d’avoir donné la mort à douze d’entre elleux, entre octobre 2008 et janvier 2017. En ce premier jour de procès et en images, le Ch’ni vous fait entrer ce mois-ci dans l’aile historique du tribunal judiciaire de Besançon et vous fait voir là où vont se dérouler les débats jusqu’à la mi-décembre.

Classé monument historique, l’actuel Palais de Justice de Besançon à été construit entre 1582 et 1586 par l’architecte Hugues Sambin. Avant d’accueillir magistrats et juges, le bâtiment fut, pendant l’Ancien Régime, l’endroit du Parlement de Besançon.

Frédéric Péchier avait pris ses quartiers dans deux cliniques privées de la ville, la clinique Saint-Vincent et la Polyclinique de Franche-Comté. En tant que médecin anesthésiste, il avait la principale responsabilité de veiller au bon déroulement des interventions en bloc opératoire lors desquelles il administrait aux patient·e·s des produits anesthésiants. En 2017, les soupçons d’empoisonnement se tournent vers cet homme. Après que deux signalements ont été lancés par l’Agence régionale de santé (ARS) et la clinique Saint-Vincent au parquet de Besançon suite à deux événements indésirables graves (EIG) suspects, une enquête préliminaire a été ouverte. Celle-ci, en l’espace d’un mois et demi, va permettre de faire le lien avec six autres EIG. M. Péchier est mis en examen pour sept empoisonnements. En 2019, alors que l’enquête se poursuit, dix-sept autres faits d’emprisonnements ayant provoqué des arrêts cardiaques lui sont imputés. En mars 2023, six autres faits sont ajoutés à la liste. À l’été 2024, dans l’ordonnance de mise en accusation du procureur de la République de Besançon, Frédéric Péchier apparait comme être le seul accusé.

Pour ce procès historique pour une cour d’assises, 156 personnes se sont constituées parties civiles, assistées ou représentées par 54 avocats. 155 témoins et 15 expert·es sont cité·e·s à comparaitre.

La salle du Parlement à été entièrement réhabilitée pour l’occasion, afin que les débats se passent dans les meilleures conditions et qu’ils puissent être retransmis dans la salle annexe et celle dédiée à la presse.

Comme dans tous les procès d’envergure, la première journée est consacrée aux questions administratives et de procédure. La désignation de jurés qui participeront au jugement de M. Péchier à été un moment marquant de cette journée. Ainsi, comme dans tous les procès en assises, un jury populaire, issu de la société civile, va concourir au jugement en assistant à toutes les audiences. Renvoyé devant une cour d’assises, car les faits qui sont reprochés à l’anesthésiste sont passibles de réclusion criminelle à perpétuité, M. Péchier sera jugé par six juré·e·s et trois juges professionnel·le·s, toustes ayant la même voix.

Dans la salle d’audience, plusieurs scellés ont été présentés, dont notamment un chariot d’anesthésie de la Clinique Saint-Vincent.
Fresque de Paul Gervais peinte sur le plafond de la salle du Parlement. Cette œuvre représente Le Transfert du Parlement de Dole à Besançon. L’esquisse est terminée en 1900 et en 1902 la peinture est terminée.
À l’extérieur du tribunal, alors que les journalistes s’agitent autour du l’accusé qui arrive sur le parvis du tribunal, un groupe d’avocats de parties civiles attend l’ouverture du procès.
Randall Schwerdorffer (au milieu, chemise blanche et cravate noire) est le dernier avocat de Frédéric Péchier. Les deux autres qui s’étaient engagés auprès de l’ex-anesthésiste ayant lâché le dossier au prétexte principal que le montant de l’aide juridictionnelle, octroyée à M. Péchier, n’était pas assez importants et rémunératrice au regard de travail à faire pour le procès.
Les proches et la famille de l’anesthésiste accusé arrivent au tribunal, se cachant sous leurs parapluies.
Beaucoup de monde est venu assister à l’ouverture du procès, en ce jour pluvieux.

Les victimes présumées de l’ex-anesthésiste étaient âgées au moment des faits de 4 à 89 ans. Après plus de huit années d’enquête, et des années pour comprendre ce qui a bien pu se passer, les victimes, à l’issue du procès, auront une réponse judiciaire aux drames qu’elles ont endurés.

Pour permettre aux parties civiles de trouver du calme pendant les débats, une salle leur a été dédiée. Ni la presse, ni le public ne pouvant y accéder.

Assister au procès

La justice étant rendue « au nom du peuple français », la publicité (le fait que les procès aient lieu en public) est un des grands principes de la justice en France. Sauf exception, lorsque les procès se tiennent à huis-clos, il est possible d’assister gratuitement aux audiences.

Les audiences pour le procès Péchier se tiennent tous les jours, sauf exceptions, à partir de 9h. Il est tout a fait possible d’y assister aussi bien quelques minutes que plusieurs heures. Par ailleurs, pour connaitre l’avancement du procès, le suivi des audiences est assuré par une bonne partie de la presse locale.