Pour les municipales de Besançon, l’union de la gauche est encore loin

Une centaine de personnes se sont réunies au kiosque Granvelle ce samedi matin, à la suite d’un appel citoyen à l’union des gauches en vue des élections municipales de 2026. Si les échanges et débats se sont d’abord tenus en petits groupes de discussion, le rassemblement a aussi permis un échange et une explication publique entre Séverine Véziès, cheffe de file La France Insoumise, et Anne Vignot, maire sortante, toutes deux présentes pour l’occasion.

Une rencontre citoyenne de plus

Les échanges démarrent à l’initiative de quelques personnes, plutôt sociales-démocrates et altermondialistes, qui proposent, vu le nombre de participant·e·s, de construire des petits groupes de discussion afin de recueillir la parole et le ressenti de chacun et chacune. Cette méthode, rapidement taxée de « scolaire » soulève quelques interrogations sur l’ambition de cette rencontre.

« Je ne pense pas qu’on ait encore le temps pour une thérapie de groupe » annonce quelqu’un, arguant que d’autres discussions ont déjà eu lieu. La cosignature par plus de 1 200 personnes d’un texte pour soutenir l’union des gauches en juin dernier est évoquée plusieurs fois. « Cela fait plus d’un mois qu’on lance des alertes sur des listes communes, elles restent sans réponses » déplore une autre personne.

L’ensemble des personnes présentes finissent tout de même par se prêter au jeu et les échanges débutent. Rapidement un terme semble revenir dans la plupart des groupes : « inquiétude ». La crainte de voir la droite prendre la mairie, celle aussi, de voir l’extrême droite gagner en importance et la phrase « je ne comprends pas ce que font les partis de gauche » résonne en écho dans tous les échanges.

La possibilité d’une liste issue de la société civile

Plusieurs propositions émergent tout de même. Une volonté semble faire consensus, celle de s’impliquer et de se préoccuper de l’avenir de la ville de Besançon quelque soit son affiliation ou sa non affiliation à un parti. « On veut prendre part mais pas prendre parti » lance une voix.

Néanmoins, le besoin d’explications sur la situation actuelle dans la gauche bisontine se fait plusieurs fois sentir. Des débats entre les candidats de gauche sont proposés, avec comme perspective que les valeurs et le programme passent au-dessus des « guerres de chapelles et des places dans les listes ». Dans la même lignée, la proposition de construction d’un ensemble de propositions citoyennes à soumettre aux candidats émerge.

D’autres vont même plus loin en proposant la constitution d’une liste issue de la société civile pour porter la voix de celles et ceux qui sont las de « l’incapacité des partis à s’entendre ». Une liste supplémentaire qui ne fait pas l’unanimité, mais que la plupart souhaitent employer comme moyen de pression pour forcer le dialogue entre les candidats et s’inviter dans les débats dès le premier tour plutôt que d’attendre dans l’incertitude des résultats, « une alliance obligatoire entre des gens qui se seront crachés dessus » au deuxième tour.

Une question de rapport de force pour la France Insoumise

Présente depuis le début du rassemblement, Séverine Véziès, cheffe de file de la liste France Insoumise récemment annoncée pour les municipales, propose de clarifier la situation et de faire un état des lieux. Ce dernier sera fait à la suite des échanges en groupe et après que Anne Vignot ait rejoint le kiosque. À la demande générale, les deux femmes sont invitées à s’expliquer publiquement.

C’est la représentante insoumise qui s’adonne à l’exercice en première en expliquant la volonté d’instaurer « un rapport de force afin de pouvoir défendre une vision pour Besançon ». Elle explique que des discussions ont régulièrement eu lieu avec le groupe de la maire mais qu’aucune n’a abouti à des échanges et des décisions sur le programme. Des visions divergentes existent particulièrement sur le quartier des Vaîtes, mais si un « équilibre dans la discussion était possible » les échanges pourraient avoir lieu.

Elle insiste aussi sur les quartiers populaires, pas représentés dans les discussions d’aujourd’hui et où la colère monte. Elle évoque Battant, les Clairs Soleils, Planoise et Montrapon, regrettant que la droite et l’extrême droite capitalisent sur cette colère alors que la gauche peine à se saisir de ces problématiques. Elle conclut en affirmant que dans tous les cas, l’heure n’était pas à la crainte et que l’union se ferait au second tour, rappelant que toutes les listes dépassant les 10 % passaient et que toutes celles au-dessus de 5 % pouvaient fusionner avec d’autres listes.

Au cours de la concertation, Séverine Véziès, pour LFI (premier plan) et Anne Vignot, des écologistes (second plan), se sont faites face.

 

Anne Vignot se présente en médiatrice

De son côté, la maire actuelle digresse pendant un long moment sur le besoin « collectif face à l’individualisme qui gangrène notre société ». Elle se décrit comme figure appelant au rassemblement, le même qui avait fait la victoire de la gauche au second tour des dernières élections municipales.

Elle se dit convaincue de l’existence d’une « colonne vertébrale des valeurs capable d’unir la gauche » et regrette que malgré un bilan positif de la mairie, socialistes et insoumis·e·s aient choisi de présenter des listes séparées. Elle déplore d’un côté, le refus catégorique du PS de dialoguer avec LFI et de l’autre, que les insoumis « pensent le projet municipal comme un projet national ». Malgré tout, elle revendique d’être à l’écoute des un·e·s et des autres quelques soient les ruptures.

« Je ne lâcherai rien et n’abandonnerai pas l’idée de l’union, que ce soit au premier ou au second tour » conclue-t-elle, déclarant même être prête à s’effacer en fonction des résultats du premier tour. Laissant ainsi la porte ouverte à tout le monde, la représentante écologiste peine quand même à convaincre ceux et celles qui se réclament de la société civile et qui la questionnent sur la place qu’elle laissera à la discussion populaire pour cette municipale. « Oui il y a des divergences mais nous pouvons construire un cap commun » finira-t-elle par commenter avant de partir, marquant ainsi la fin de la rencontre.

Un sentiment de stagnation

Ces deux prises de paroles ne semblent pas avoir provoqué d’engouement dans l’assemblée. Plusieurs échanges spontanés démarrent à la fin de la réunion sous le kiosque et personne ne semble réellement convaincu par les précisions amenées, que ce soit l’explication de la France Insoumise ou l’affirmation d’ouverture de la maire sortante.

« On a pas avancé d’un pouce » regrette un militant. « Au moins on a rassemblé du monde pour discuter » tente de positiver une autre. L’ambiance ne semble pas être à la joie et la route semble être encore longue jusqu’à l’union tant espérée par les gens présents. « C’est dommage que personne du PS ne soit venu ou ne se soit exprimé » souligne une dernière.

Car effectivement, reste l’incertitude sur les positions de la troisième force de gauche à s’être lancée dans les municipales. Par sa non présence, le Parti Socialiste semble s’inscrire dans le refus de dialogue en présence de la France Insoumise, exprimé par Anne Vignot. Elle interroge aussi sur l’écoute accordée aux craintes de la société civile et donc, à la possibilité d’une union de la gauche comprenant la liste de Jean-Sébastien Leuba.


Le PCF enfin positionné

Quelque temps après ce rassemblement, sur l’esplanade des Droits Humains, le Parti Communiste Français de Besançon expliquait rejoindre Anne Vignot dans la campagne pour les municipales. Dans une conférence de presse à quatre voix, celle du chef de file Hasni Alem, d’une adjointe, Aline Chassagne, et de deux membres du parti, dont une de la direction nationale, les communistes sont revenus sur les motivations de leur choix et la situation actuelle de la gauche bisontine.

« Nous regrettons le choix irresponsable de ceux qui ont décidé de faire cavaliers seuls » expliquent celles et ceux qui ont pris du temps pour choisir leur camp. Un délai qu’ielles expliquent par les nombreuses réunions et discussions qui ont eu lieu jusqu’à maintenant et qui vont se poursuivre, sans la France Insoumise. « Nous voulons être un trait d’union entre les forces politiques » explique une militante.

Le bilan positif de la mairie actuelle est aussi plusieurs fois mentionné, un argument supplémentaire et « légitime pour appeler à l’union et continuer dans la dynamique instaurée » explique Hasni Alem. Interrogé·e·s sur la proposition de liste issue de la société civile, toutes et tous regrettent une proposition qui amènerait à une liste supplémentaire et une désunion plus grande. Aline Chassagne préférant « tendre la main » aux idées issues de la discussion populaire afin de les intégrer dans les projets pour les municipales.

Illustration d’en-tête : Aperçu du rassemblement sous le kiosque Granvelle, au moment du lancement des débats.