Dans le monde agricole, un climat de révolte en perspective ?
Le 2 décembre dernier à Pouilley-Français près de Besançon, l’abattage d’un cheptel de quatre-vingt-trois vaches a mis le feu aux poudres. Nouveau palier d’une crise sanitaire autour de la « dermatose nodulaire contagieuse », qui couvait depuis l’apparition de cette maladie bovine virale, courant juin 2025 en Savoie. Afin de limiter tout risque d’entrainer l’ensemble de la filière dans un péril généralisé, les restrictions se sont alors multipliées. Symbole local fort, les célébrations de la Sainte-Catherine à Vesoul étaient par exemple dépourvues des traditionnelles exhibitions fermières. Mais, à l’appréhension et la crainte jusqu’ici contenues, a succédé l’explosion de colère, sous la forme d’une riposte contestataire, quand les mesures ont conduit à l’élimination de troupeaux entiers.
Dans le Doubs, l’issue passe d’autant plus mal que les bêtes avaient été vaccinées et que seule l’une d’entre elle avait été testée positive. Si bien des voix ont plaidé pour des alternatives aux condamnations systématiques et massives, les autorités entendaient quant à elles maintenir un strict principe de précaution. Entre le refus de nouveaux examens et un dialogue rompu avec les autorités – préfecture et ministère en tête – l’embrasement devenait inévitable. Même en l’absence des principaux syndicats de la profession, « FNSEA » et « JA », rangés derrière la décision des pouvoirs publics, des centaines de soutiens se sont rassemblés, notamment sous l’égide de la « Coordination Rurale » et de la « Confédération Paysanne », échos, également, des évolutions militantes.
Au cœur d’un bourg assiégé par les uniformes, arrestations, lacrymogènes et balles de « défense » vont émailler la journée. Une répression devenue habituelle dans les quartiers prioritaires et les mouvements sociaux, encore rarissime en campagne. Jusqu’aux jugements du tribunal administratif, où des recours furent déposés, l’issue macabre s’imposant alors. Mais, d’un chaos à l’origine comtois, va répondre une solidarité, en particulier dans l’Ouest. La famille Lhomme, directement concernée, ne manquant pas ensuite, via un communiqué, d’en appeler au « soulèvement du peuple ». Après de précédentes révoltes début 2024, la ministre et enfant du pays, Annie Genevard, en première ligne, exhortera à « l’unité ». Face au mécontentement grandissant, la prière sera-t-elle suffisante ?
Illustration d’en-tête : Aperçu de tracteurs se positionnant pour un éventuel siège, lors de la mobilisation du 2 décembre 2025 à Pouilley-Français.
