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Alors que la capitale comtoise fait figure de bastion progressiste, le « Rassemblement National » vient d’y rafler la pole position. La liste de Jordan Bardella emporte en effet près du cinquième des voix (19,51 %), supplantant de peu le libéral-socialiste Raphaël Glucksmann (18,77%) et distançant l’insoumise Manon Aubry (15,98%). Suivent les candidatures « Renaissance » (14,89%), « Europe-Écologie/les Verts » (9,16%) et « les Républicains » (6,74%), les autres têtes étant toutes en-dessous de 5 %. Sur les 119 198 habitant·e·s recensé·e·s, 66 398 étaient appelé·e·s aux urnes ; 35 737 se sont déplacé·e·s, donnant un taux d’abstention de 46,18 %.

La situation est inédite dans l’histoire récente de la ville, provoquant une véritable stupeur. Mais la symbolique est toutefois plus modeste dans les faits, en analysant les résultats selon les grandes sensibilités ; ainsi localement l’ensemble de la gauche gagne 50 % des bulletins, l’extrême-droite 24,68 % et centre et droite confondus 23,37% [1]. La claque n’en reste pas moins rude pour les principaux partis en place, en particulier les différentes nuances de la majorité municipale. Si les cadres apparaissent encore hésitant·e·s dans l’attente de consignes nationales, une partie de la base a d’ores-et-déjà exhorté à construire une union dans la perspective des législatives prochaines.

Car le second séisme de la soirée, c’est l’annonce faite par Emmanuel Macron de dissoudre l’assemblée nationale. Un recours exceptionnel, dont le dernier déclenchement remonte au 21 avril 1997. Les réactions au kursaal ont été à la mesure du choc, l’allocution huée du président faisant brutalement place à un silence de mort. « C’est de la folie, le chef de l’État en est donc réduit à pratiquer la politique de la terre brûlée ? Cette disposition prise il y a vingt-sept ans, ça nous avait donné le gouvernement Jospin. Aujourd’hui on voit très bien où cela nous mène, une cogestion avec Marine le Pen ! Arrêtons les égoïsmes et les dissensions, l’heure est trop grave pour jouer avec le feu » s’est emporté un élu PS.

[1] Analyse portant sur les quatorze premières listes qui dépassent 0,5 % chacune et totalisent 98,04 % des voix, les vingt-trois autres se répartissant les 1,96 % restants. Certaines dites transpartisanes ont pu malgré tout être attribuées à une tendance, comme par exemple le « Parti Animaliste » ici classé à gauche puisque étant affilié en ce sens au niveau européen et plus régulièrement associé à cette sensibilité lors d’alliances locales.

Illustration principale : panneaux électoraux pour les présidentielles de 2022, les candidat·e·s d’extrême-droite Marine le Pen et Éric Zemmour ayant vu leurs affiches régulièrement recouvertes d’inscriptions antifascistes comme ici à Planoise.