Pour diffuser leurs idées et convaincre le plus grand nombre, la plupart des militant·e·s multiplient les actions de terrain. À gauche, c’est même encore une tradition particulièrement tenace, à l’image du comité « la France Insoumise » (LFI) qui assume viser les quartiers prioritaires « toujours déconsidérés et en marge de la vie électorale classique ». Au-delà des habituels collages et tractages qui se maintiennent depuis l’été dernier, les mois d’avril et mai sont ainsi l’objet de déambulations et porte-à-porte poussés. Ces « rencontres populaires » promettent un temps d’échange auprès des habitant·e·s, afin de recueillir leurs revendications et construire des perspectives communes. Le temps d’une matinée à Cassin, nous avons suivi ces tractations.

Ielles sont une bonne quinzaine à s’activer ce samedi, devant ce centre névralgique qu’est l’enseigne « Intermarché ». Un point d’étape dans le programme des semaines à venir, qui comprend également Battant et Île-de-France, après Palente. Une large tablée est installée, avec tartes, gâteaux, café, mais aussi autocollants, affiches et prospectus. « C’est un peu notre poste avancé du jour, de là d’où partent et reviennent les volontaires et surtout les riverain·e·s » indique un responsable. « L’idée a été reprise de Villeurbanne, il s’agit de retrouver les gens sans attendre un scrutin officiel. Pouvoir parler librement de politique, dans un secteur où l’abstention reste encore significative » complète Alexis Poyard, référent des « Jeunes Insoumis·e·s » venu·e·s en force.

 

Entre deux allées commerçantes, la population se voit ainsi touchée à travers un questionnaire. « Quel sujet vous met le plus en colère, qu’appréciez-vous dans votre ville, qu’attendez-vous de votre futur·e maire… ». Une base simple et concrète, qui amène alors à des réflexions plus étendues. Si le génocide en Palestine est en tête des préoccupations internationales, pouvoir d’achat, emploi, transports, logement, éducation, reviennent le plus quant au local. Dans presque toutes les conversations, on retrouve aussi le narcotrafic qui inquiète ici plus qu’ailleurs. « Sur une optique municipale, on ne pourra pas avoir des solutions magiques sur tout. Mais écouter, ça permet de réfléchir, remettre en cause, ouvrir de nouvelles voies » résume Séverine Véziès.

Morad, retraité, électeur mélenchoniste, apprécie ce moment : « Les débats à la télévision sont intéressants, mais là c’est bien d’avoir des gens en face de soi. J’aime pouvoir identifier les propositions et enjeux, sans qu’on me tombe dessus parce qu’il faut voter dans une semaine. Je ne sais pas si tout sera entendu, mais au moins j’ai évoqué mes pensées, mes doutes, mes critiques ». Si LFI réalise des scores élevés à Planoise, ses partisan·e·s savent que le travail ne fait que commencer. « Systématiquement, on interroge : êtes-vous bien inscrit·e sur les listes électorales ? Si non, nous expliquons comment procéder. Pour les 20-30 ans notamment, la mobilisation est la clé. Car quand ielles s’expriment, ces citoyen·ne·s penchent plus facilement pour notre programme » analyse Martin.

 

Illustration d’en-tête : Un militant LFI en pleine discussion avec un riverain, place René Cassin.

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