Hier soir, devant « l’Agence Régionale de Santé » (ARS) du Pôle de Besançon-Viotte, près de trois cents personnes se sont retrouvées, afin de protester contre la potentielle réintroduction de deux néonicotinoïdes. Une mobilisation qui s’est reproduite partout en France, mais ici surtout tenue par « les Écologistes » et leurs allié·e·s. Élu·e·s, militant·e·s environnementalistes, représentant·e·s du monde agricole, tenaient ainsi à manifester leur consternation et leur colère. Interdits depuis 2018 en raison de leur forte nocivité pour les animaux ainsi que leurs conséquences probables chez l’humain, l’acétamipride et le flupyradifurone pourraient bien faire leur retour après un « passage en force » le 26 mai dernier à l’Assemblée.

Initiée par Laurent Duplomb, sénateur « les Républicains » de Haute-Loire, passé par la « FNSEA » et la holding laitière « Sodiaal », la proposition de loi fait couler beaucoup d’encre. Face aux amendements déposés par l’opposition, les soutiens, partant de l’extrême droite à la majorité macroniste, viennent de rejeter le texte controversé afin de contourner les débats et ainsi procéder à un examen en commission restreinte. Un « coup autoritaire » pour leurs critiques, souvent placé·e·s à gauche. Une lame de fond qui traverse désormais le pays, mais incarnée localement par la députée Dominique Voynet. La principale intéressée étant retenue au palais Bourbon pour se prononcer sur les énergies renouvelables, c’est son bras droit, Anthony Poulin, qui a sonné la charge.

« Cette obstruction n’est pas admissible, cette question aux enjeux majeurs doit pouvoir être traitée démocratiquement. Vous pouvez nous faire confiance pour mener ce combat, nous ne laisserons pas faire » a notamment assené le jeune assistant. La « Confédération Paysanne », « France Nature Environnement », ou encore la « Ligue de Protection des Oiseaux » n’ont pas manqué de se succéder pour également étayer leurs craintes. Leurs intervenant·e·s rappelant, outre la question prégnante des insectes pollinisateurs et les conséquences sur le vivant sous toutes ses formes, que la législation proposée est loin de se limiter seulement aux pesticides, s’agissant aussi « d’assouplir » par exemple la mise en place de mégabassines ou de faciliter la destruction de zones humides.

Sylvain, apiculteur du Doubs, dénonce le taux de mortalité de la faune sauvage, avec un indice jusqu’à 1 000 fois plus élevé que la normale pour les abeilles, selon l’ONU. « À terme, je vois mal comment la pérennité de mon exploitation pourrait être maintenue. Avec d’autres problèmes comme la concurrence faussée, la base même de mon métier est en grand péril. Le plus grave restant bien sûr la perte de pans entiers de notre écosystème, qui est en train de se jouer en ce moment et sous nos yeux. Comment s’en expliquer aux générations futures, quand, au lieu d’avancer, nous reculons devant l’évidence ? Celleux qui permettent cela, ce sont des criminel·le·s. Il était important que je sois là aujourd’hui pour l’exprimer, mais c’est aussi à la population de porter ces revendications ».

Illustration d’en-tête : Focus sur la pancarte d’un manifestant, proclamant « des pesticides dans nos champs – des cancers dans nos sangs ».

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