1 Manif Palestine Besançon 06 01 2024 Toufik De Planoise (copie)

Le 22 octobre dernier, nous publiions une enquête relative aux graves dérives observées au sein du « collectif Palestine de Besançon ». Un dossier qui a suscité une campagne de dénigrement inouï, dans un silence politique et médiatique assourdissant. Alors qu’un cadre du mouvement doit prochainement répondre en justice de « diffamation » et « injures antisémites » après d’énièmes publications contre le journal, les attaques ont pris un tournant encore plus lourd. Faisant part des tensions subsistantes malgré la solidarité qui s’est exprimée pour la « flottille de la liberté », la direction « du Ch’ni » a cette fois fait l’objet de menaces qui lui ont été directement communiquées. Anonymes, enfin presque. L’auteur/l’autrice, qui ne cache rien de ses intérêts et proximités, ayant déjà eu une prose ressemblant, parfois au mot près, à certains courriers très officiels.

« La guêpe va bientôt mourir ». Détournant les traits poétiques de Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, c’est en ces termes qu’un·e anonyme appelle la fin brutale des participant·e·s « au Ch’ni ». À travers trois courriers électroniques identiques reçus dans la matinée du 11 juin, l’internaute personnifie le média et ses membres en un insecte qu’il faut « assurément tuer » [1]. Après des mois d’injures, de harcèlement, d’intimidations, faisant suite à nos révélations sur l’arrière-boutique peu ragoûtante du « collectif Palestine de Besançon », un nouveau cap, celui de la menace de mort, vient désormais d’être franchi. Une surenchère prévisible, tant un mutisme généralisé accompagne les (ex)actions de ce groupuscule issu de l’association « Palestine Amitié ». Choqué·e·s par de tels propos mais déterminé·e·s à les dénoncer, nous avons décidé de déposer plainte et de rendre le cas public.

Au cours de notre enquête, nous avons relevé les similitudes effarantes de style entre l’internaute anonyme, à l’origine des menaces du 11 juin 2025 contre « le Ch’ni », et les écrits signés du « Collectif Palestine », tout à fait officiels. À l’instar de ce préambule, publié dans un courrier électronique du 22 décembre 2024 à « la Horde » et « la Nuée » (en haut), qu’on retrouve, le 15 janvier 2025, presque à l’identique, comme introduction d’une circulaire, signée Françoise Piaget, Colette Rueff, Mustafa Cakici, Nadine Castioni et Gérard Mamet (en bas). Entreprise de groupe assumée, base individuelle soumise à un collectif ignorant cet emploi préalable, ou incroyable coïncidence ?

Car les interventions de cette plume coutumière du « nous » ne sont pas difficiles à retracer, tant elle est assidue à la pratique. Le 22 décembre 2024, la même adresse s’emportait ainsi face à « la Horde » et « la Nuée », deux références antifascistes, basées à Lyon et à Besançon [2]. Parfaitement informée des intrigues opposant les parties, elle écrit en introduction : « Plusieurs mails dont vous semblez être expéditeurs, expéditrices, indiquent une inquiétante propension à vouloir saboter, en vain heureusement, des initiatives en faveur du peuple palestinien organisées par le collectif Palestine élargi de Besançon ou par la communauté musulmane de la ville ». Un préliminaire qu’on retrouva, quasiment copié-collé, dans un courrier tout à fait officiel, daté du 14 janvier 2025, signé par l’ensemble des responsables, Françoise Piaget, Colette Rueff, Mustafa Çakici, Nadine Castioni et Gérard Mamet [3].

Outre la divulgation d’un état-civil qui s’inspire de méthodes néonazies éprouvées, les deux textes emploieront ensuite l’habituelle logorrhée consistant à renverser l’accusation en renvoyant toute forme de critique au lobby sioniste et aux sphères islamophobes. Une ficelle certes grotesque, mais dont le type de relents avait par exemple conduit à l’assassinat de Samuel Paty. Quelques semaines plus tôt, c’est une autre figure de la nébuleuse, Khaled Ben M’Bareck, qui n’hésitait pas à accumuler, sur son compte « Facebook », les insultes contre le directeur de la publication, assurant en parallèle une défense des militant·e·s identitaires de « Némésis ». Un torrent de haine, qui lui vaut de comparaître le 20 juin prochain devant le tribunal correctionnel de Besançon. Une liste loin d’être exhaustive, entre assauts numériques, prises à partie en pleine rue, ou contacts malveillants au « SPIIL ».

« Le Ch’ni » ne cédera pas à la terreur

Média associatif assurant une ligne indépendante depuis le 1er mai 2024, « le Ch’ni » réaffirme qu’il ne cédera pas au climat de terreur instauré par une poignée de barbouzes. Comme l’extrême droite avant elleux, des individus entendent, par leurs procédés puants, étouffer la sortie d’informations parfaitement étayées mais gênantes pour leur petit business. Ayant toujours eu à cœur de traiter de la question palestinienne, nous ne tairons pas, pour autant, les dérapages antisémites, trans/homophobes, ou conspirationnistes, que certain·e·s, sous couvert d’un prétendu soutien à Gaza, distillent ostensiblement, à la faveur du silence complice de beaucoup d’autres, dont des responsables de premier plan. Derrière les vitrines et les manipulations, nous continuerons donc, sans relâche, quelles que soient les conséquences, à faire notre travail.



Boîte noire
Afin d’apporter une pleine transparence au lectorat, nous rendons les quelques documents cités accessibles en intégralité : le courrier électronique adressé le 11 juin 2025 à la rédaction « du Ch’ni » [1], le courrier électronique adressé le 22 décembre 2024 à « la Horde » et « la Nuée » [2], ainsi que le courrier réalisé par le « collectif Palestine » en date du 14 janvier 2025 signé par Françoise Piaget, Colette Rueff, Mustafa Çakici, Nadine Castioni et Gérard Mamet [3] (consultables en cliquant sur les numéros correspondants).


Illustration d’en-tête : Statue de Victor Hugo, par Ousmane Sow, esplanade des Droits Humains, avec keffieh et drapeau palestinien, en marge de la marche du 6 janvier 2024 – archives TdP.

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