À Besançon, la mémoire et les valeurs très sélectives du clan macroniste sur la « liberté de la presse »

Arrestations arbitraires et injures numériques de la Préfecture, interdiction physique de pouvoir suivre une audience judiciaire, menaces d’enlèvement et de séquestration de la part d’un fonctionnaire de police… À toutes ces atteintes graves, documentées et rendues publiques, les journalistes qui y sont confronté·e·s, souvent depuis de nombreuses années, n’obtiendront que mépris et silence de la part des différent·e·s politiques. Mais si ces notables oublient le sort de ces indépendant·e·s officiant dans leur propre ville, la plupart n’ont, en revanche, pas hésité à ébruiter, fermement et sans se faire prier, leurs positions quant au refus d’accréditation d’un ponte « du Monde » par « la France Insoumise » (LFI).
La condamnation s’avère aussi soudaine que tranchante, pour ces chantres d’une « liberté de la presse » à géométrie variable. Jusqu’alors, jamais ielles ne s’étaient ainsi prononcé·e·s sur les dérives observées dans la capitale comtoise. Les entraves, menaces, coups, représailles, procès, ont pourtant formé le quotidien de références comme « Factuel.info », « le Compost », « Kawa TV », « radio BIP/média 25 », ou « le Ch’ni ». Une situation locale qui n’a pas suscité l’émotion de la bonne société, jusqu’au moment où la donne a concerné un canard renommé face à Jean-Luc Mélenchon. Il n’aura alors fallu que quelques heures pour que, spontanément et au plus grand nombre, le tableau d’une profession attaquée et d’une démocratie meurtrie ne se dessine.
En tête de ce qui semble être devenu une course aux superlatifs, deux prétendants macronistes à la Mairie de Besançon. Omettant que leur camps n’est pas exempt de reproches analogues, comme le 9 novembre 2019 à Montfaucon, où deux correspondants ont été interdits d’une réunion « la République en Marche » (LREM). À ce moment-là, étrangement, le « MoDem » Laurent Croizier, bien qu’engagé et élu de longue date, n’affirmera pas que « la démocratie, la liberté d’expression et la liberté de la presse ne se négocient pas, elles se défendent » en ciblant le « climat de violence verbale » d’un parti « autoritaire » et « prêt à exclure, à intimider » à l’occasion d’un évènement qui « n’est pas un lieu de débat démocratique mais un espace où transpirent les haines ».
Mêmes lacunes concernant le « Horizons » Éric Delahousse, qui, s’appuyant sur l’article 11 de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », évoque une loi essentielle bafouée par la direction de LFI en questionnant l’alliance avec « les Écologistes » aux prochaines échéances. Si, pour sa part, l’adhésion au mouvement d’Édouard Philippe est plus récente, il ne s’est pas cependant davantage saisi d’affaires en août 2022, janvier 2023, avril 2023, juin 2023, juillet 2023, décembre 2023, janvier 2024, mai 2024, octobre 2024, juin 2025… Au « Ch’ni » nous n’exhortons pas aux larmes de crocodiles, mais nous nous opposerons à celleux qui, parlant de notre métier, pratiquent l’indignation sélective en fonction de leurs latitudes et calendriers.
Boîte noire.
Le 7 juillet 2024 parc Granvelle, lors d’un échange oral interpersonnel, Éric Delahousse a tenu à expliciter ses prises de distance avec l’ostracisme, y compris des sien·ne·s, visant son interlocuteur. Aussi, à l’occasion d’un conseil municipal le 19 juin 2025, Laurent Croizier s’est prononcé contre l’attribution d’une subvention à une association, épinglant les menaces de mort reçues par un média suite à la parution d’une enquête le visant, mais sans jamais mentionner le nom de celui-ci et en désignant le journaliste comme « une personne ». Si ces éléments doivent être relevés afin d’être complet et précis, ils ne constituent toutefois en rien un engagement comparable aux publications de soutien à Olivier Pérou et/ou de condamnation de « LFI ».
Illustration d’en-tête : la liberté de la presse, figuration – IStock.