À Scey-sur-Saône, la nécessaire mise au point sur les « musiques extrêmes »

Près de Vesoul en Haute-Saône, « Echo System » est une véritable institution de la scène de musiques actuelles depuis plus de dix ans. Le 11 octobre dernier, la salle proposait ainsi une belle tête d’affiche, accueillant le groupe « Gaulhammer », référence comtoise lancée en 2008. Mais la bonne ambiance fut malheureusement obscurcie, nécessitant, pour la première fois, la diffusion d’un communiqué de la direction sur ses réseaux sociaux. « Lors de notre soirée black metal, des spectateurs arborant des signes ou comportements liés à l’idéologie néonazie ont été identifiés. Nous l’avons constaté trop tard, et nous le regrettons » pose ainsi le texte publié ce mardi.
Contacté par nos soins, Tristan Lefort, l’un des responsables, tient à préciser les choses. « C’était une grosse date, il y avait plus de cent-cinquante spectateurs/spectatrices parfois venu·e·s d’Alsace, de Suisse de Belgique. Mais, au milieu de l’euphorie, s’est détaché un petit groupe de quatre-cinq personnes, très caractéristique. Leur dressing ne laissait aucun doute, pas plus que leurs tatouages… On avait le soleil noir, la croix celtique, le SS sur les doigts, etc. Pour couper court à toute déformation, il n’y a pas eu d’incident type menaces, bagarres, ou démonstrations comme le salut fasciste. Cependant, on se doit de ne pas laisser passer cela, voilà pourquoi nous prenons la parole ».
Affirmant ces positions, la mise au point tranche de manière explicite : « Cet évènement défendait une programmation exigeante, qui ne reflète pas ces valeurs. Les musiques extrêmes appartiennent à celles et ceux qui les vivent comme des espaces de liberté, de créativité et de résistance. Nous refusons catégoriquement que des symboles de haine, de racisme ou d’exclusion pénètrent dans nos murs. Notre projet culturel est engagé du côté de l’ouverture, de la diversité et du respect. Nous renforçons dès maintenant nos dispositifs de vigilance et nos pratiques d’accueil. Nous appelons aussi à la vigilance collective. Artistes, publics, associations, faisons front commun ».
Une mise au claire largement saluée dans le milieu, face à des problématiques qui persistent. En France comme en occident, le phénomène « National Socialist Black Metal » (NSBM) reste visible bien qu’assez marginal. Mais, régulièrement, des polémiques éclatent, comme le 20 septembre dernier où un concert était annoncé dans le grand est. Une question à laquelle les officiel·le·s sont aussi directement confronté·e·s, les établissements les plus installés étant également l’objet de tous les dérapages. À Montbéliard par exemple, le dossier de « la Horde Séquane », révélé par « radio BIP » et étayé par « le Ch’ni », a démontré le plein ancrage de ces mouvances.
Illustration d’en-tête : le groupe « Nokturnal Mortum », NSBM ukrainien, sur scène, en 2015 – Dezidor/cc-by-3.0.