Un recueillement pour la « journée du souvenir trans »

Ce dimanche, esplanade des Droits Humains, une centaine de personnes étaient réunies, dans le cadre de la « journée du souvenir trans ». Une date spécifique visant à commémorer la mémoire des victimes de crimes transphobes, mais aussi dénoncer plus largement l’ensemble des violences sociales, institutionnelles et politiques envers la communauté LGBT+. Une date initiée à partir de 2021 sur Besançon, désormais actée dans l’agenda militant sous l’égide des principales organisations engagées sur la question. Prises de parole et témoignages se sont ainsi succédé pendant plus d’une heure, avant une « after » dans les locaux de « Hôp Hop Hop ».


Malgré la pluie et le froid, la mobilisation n’a pas faibli par rapport à 2024. Mais, ainsi qu’en a attesté une bannière recensant les adelphes assassiné·e·s, disparu·e·s ou suicidé·e·s, la situation reste précaire en France et dans le monde. « Devoir se réunir ainsi chaque année, c’est difficile. Alors que le contexte est déjà souvent morose, ça nous plonge forcément dans une sorte de dépression. Mais il faut aussi voir la réalité en face, car on est beaucoup à se demander si demain, ce n’est pas notre nom qui sera ajouté. On espère ne plus avoir à ressortir cette foutue liste, c’est pour ça que, même en étant pessimiste, on doit se battre » lance un·e anonyme proche des collectifs « Intransigeance » et « Trans’Comté ».

Avec le regroupement des participant·e·s lors des prises de parole, une large bannière recensant le nom des adelphes assassiné·e·s, disparu·e·s ou suicidé·e·s, s’est détachée de la mobilisation.

D’autres, à l’instar de « Fiertés Racisé·e·s – BRIQ », insistent sur la dimension intrinsèquement intersectionnelle de cette lutte. « L’essentiel des personnes tuées cette année et celles d’avant ont aussi la caractéristique d’être racisées, immigrées, précaires, handicapées ou travailleuses du sexe. Aujourd’hui encore, beaucoup trop d’organisations minorent cet aspect ». Une ultime intervention exhortait « les institutions, médias, hommes cis, à entendre et considérer les paroles qui s’expriment ici. C’est peut-être un tabou, mais il est quand même nécessaire de le dire, il y a également des biais économiques en jeu. Or, on a cruellement besoin de moyens, de conditions matérielles, de débouchés professionnels ».

Présent·e·s en soutien de ce rassemblement, les membres du « Groupe d’Actions Féministes » ont déployé une banderole « féministes contre les oppressions envers les LGBTQIA+ », « love is love » et « à bas le capitalisme et le patriarcat ».

En off, certain·e·s regrettent aussi le désintérêt d’une majorité de centrales militantes. « Chez nombre de référent·e·s, l’hypocrisie est la norme. Aucun·e n’oublie de dire un mot sur les LGBT+ pendant leurs mondanités, en tout cas quand il y a des caméras. Mais, quand il s’agit de soutenir, concrètement, sans en tirer un quelconque bénéfice, comme aujourd’hui, là, on ne voit plus grand monde. Si chaque figure de gauche qui donne son avis sur nous et nos vies était là, on serait des milliers ». Mais dans ce gris ambiant, la banderole colorée du « Groupe d’Actions Féministes » tranche ; « Ielles ont toujours été présent·e·s, ça nous met du baume au cœur de les savoir avec nous » finit par relativiser notre interlocutrice.


Illustration d’en-tête : Aperçu de la mobilisation, ce dimanche 23 novembre esplanade des Droits Humains.