Ce texte a été écrit par des membres de « Solidarité Migrant·e·s Réfugié-e-s » (SolMiRé), une association d’aide aux personnes exilées, en particulier mineur·e·s, sur Besançon et sa région. Il a été lu pour la première fois lors de la « marche des solidarités » le 22 mars dernier, repris et adapté à l’occasion du « Besac Antifa Fest » le 7 juin suivant.
Vous retournez tous les mots. Vous les retournez contre nous.
Contre les sans-papiers, les mineur·e·s étrangers et étrangères, les musulman·e·s, les immigré·e·s. Puis contre toustes les noir·e·s, les arabes, les racisé·e·s. Puis contre nous toutes et tous, habitant·e·s ensemble des quartiers et des villages, nous au travail ou sans travail qui peinons à finir nos mois, nous musulman·e·s ou pas, avec ou sans papiers. Nous, l’immense majorité.
Nous sommes celles et ceux qui ne peuvent supporter l’injustice, le racisme, les violences policières. Celles et ceux qui ne peuvent tolérer le génocide en Palestine. Celles et ceux qui ont le ventre et le cœur soulevés par les images des naufrages de nos frères, sœurs, aux frontières.
Vous retournez tous les mots.
Aboubakar Cissé, notre frère, jeune malien, sans-papiers, sauvagement assassiné, dans une mosquée, pour la seule raison qu’il est musulman et noir. Un crime islamophobe.
Mais pour vous, le danger c’est l’islam et l’immigration.
Des milliers de migrant·e·s meurent en Méditerranée et dans la Manche, enfants, femmes, hommes. À Pylos, 650 migrant·e·s se sont noyé·e·s, leur bateau renversé par la poussée des garde-côtes.
Mais pour vous, l’insécurité, ce sont les immigré·e·s.
Génocide en Palestine, écoles et hôpitaux bombardés à Gaza, aide humanitaire bloquée.
Mais pour vous, les terroristes, ce sont celles et ceux qui soutiennent la Palestine et c’est Urgence Palestine qu’il faut dissoudre.
Vous retournez tous les mots. Mais vos mots vont devenir nos armes.
Nous, l’immense majorité. Nous, ensemble, français·e·s et immigré·e·s, avec et sans papiers, musulman·e·s ou pas. Nous, barbares. Notre civilisation s’appelle solidarité.
Organisons-nous, quartier après quartier, lieu de travail après lieu de travail.
Pour l’égalité des droits et la régularisation des sans-papiers, contre les fascistes et contre l’islamophobie et le racisme, pour la justice et la solidarité avec la Palestine.
On n’oublie pas Clément, Aboubakar, Hichem.
Soutien à toustes les mineur·e·s isolé·e·s en recours à Besançon, manifestons ensemble contre le racisme et contre le fascisme.
Illustration d’en-tête : manifestation contre la « loi Darmanin », le 14 janvier 2024 à Besançon.