Si les quatre-vingts ans de la chute du IIIe Reich étaient commémorés aux Glacis par la traditionnelle cérémonie officielle à 11h00, le « Mouvement pour la Paix » invitait également à un recueillement populaire sur le parvis de la gare Viotte, en début d’après-midi. Depuis que la section a été relancée en 2003, ses membres organisent régulièrement des actions de sensibilisation. Élu·e·s, politicien·ne·s, syndicalistes, au total, une trentaine de personnes a ici répondu à l’appel, s’inscrivant, au-delà de cette date, dans une perspective de cessez-le-feu, de diplomatie et de réconciliation entre les peuples. L’évènement s’est déroulé devant une stèle mémorielle dédiée aux cheminots locaux tués de 1939 à 1945, égrainant le nom de trente-cinq agents « exécutés, déportés ou emportés dans des bombardements, tous morts pour une certaine idée de la liberté » fut-il indiqué.

Président de l’association, Christian Tourneret prend la parole. « Beaucoup sont tombé·e·s durant la seconde guerre mondiale face à la barbarie, alors autant que possible, nous leur devons de trouver des alternatives autrement plus humaines que la guerre. Le manque de relève, l’oubli galopant, mais aussi les logiques de certains appareils, amènent à fragiliser toujours plus un équilibre déjà précaire. Entre la menace de nos acquis sociaux et la course à l’armement, on se doit de questionner nos dirigeants sur les choix opérés et à quoi ils entraînent vraiment. Nous aimerions également que les Nations-Unies agissent au-delà de la simple incantation, que ce soit par rapport à l’Ukraine, la République Démocratique du Congo, la Somalie, ou encore le sort des Rohingyas au Myanmar. Il y a aussi la Palestine bien sûr, pour laquelle Emmanuel Macron doit enfin pleinement acter la reconnaissance ! »

Abondant en ce sens, Salima Inezarene exhorte au « pacifisme » et à la « responsabilité » au nom de la région Franche-Comté ; le conseiller départemental Georges Ubbiali retrace quant à lui « une victoire contre le fascisme dont le combat reste une actualité » ; Anthony Poulin, substituant la députée Dominique Voynet, assure pour sa part que « l’histoire nous oblige » ; Séverine Veziès, référente « la France Insoumise », indiquait que « nous sommes à un tournant, entre les réflexes martiaux et la remise en cause de valeurs. Une internationale fasciste s’est reconstituée, de Trump à Milei en passant par Orban et Netanyahou. Sans oublier le gouvernement français à travers Bruno Retailleau, avec une montée inédite du racisme, de l’islamophobie et de l’antisémitisme. La dissolution de la Jeune Garde et d’Urgence Palestine, s’inscrivant dans cette politique qui ne peut que mener au pire ».

Hasni Alem pour le « Parti Communiste Français » ira dans le même sens, « écœuré d’avoir constaté la présence de pontes du Rassemblement National ce matin. Qu’un parti fondé par des SS puisse célébrer la fin du nazisme, c’est aussi ça le renversement des sens. Mais qui a oublié, encore très récemment, le mot untermenschen (sous-hommes), utilisé par Thomas Lutz ? Pour le reste de la droite, ce n’est pas mieux, quand on veut proscrire des femmes et des hommes à Saint-Pierre-et-Miquelon ou qu’on criminalise le soutien à Gaza. Le Huit-Mai ne doit pas devenir une fête patrimoniale, mais une journée pour porter nos idéaux ». Les discours s’achèvent avec Patrice Salzenstein invoquant son parcours familial, mis en perspective avec la cinquantaine de conflits actuellement dans le monde. Les participant·e·s entonneront enfin « le chant des partisans », se quittant avant un prochain rendez-vous le 16 mai.

Illustration d’en-tête : Dépôt des gerbes devant le monument aux cheminots morts durant la Seconde Guerre Mondiale, par Georges Ubbiali, Hasni Alem, Patrice Salzenstein et Salima Inezarene (de gauche à droite).

À lire aussi