Dans l’attente du prochain « photoreportage du mois » qui restituera l’évènement en images, « le Ch’ni » ne pouvait faire l’impasse sur un (petit) bilan du premier « Besac Antifa Fest ». Organisé par le « Comité pour Clément » avec le soutien d’une cinquantaine de partenaires, un programme riche et varié était ainsi proposé au plus grand nombre. Entre les rendez-vous thématiques du 3 au 6 et la journée du 7, c’est un milieu jeune, autonome et intersectionnel qui s’est dessiné, durant quelques jours, dans la capitale comtoise. Une volonté de « renouveler les bases antifascistes locales », afin qu’elles « correspondent enfin aux réalités et aspirations des militant·e·s et habitant·e·s ».

La semaine débutait mardi à la « SCOPS » , par la rencontre du syndicat « Partage, Droit, Autonomie ». Mais, rapidement, les capacités d’accueil sont saturées. « On ne s’attendait pas à autant de monde, bien au-delà des soutiens et habitué·e·s » s’enthousiasmait une responsable. À l’instar de cette introduction, les trois conférences et projections qui ont suivi, à la « Maison du Peuple » et à « Hôp Hop Hop », afficheront complet. « Panorama de l’extrême-droite » le mercredi, « nationalisme et féminisme » le jeudi, ou projection d’un film palestinien le vendredi, ont donc trouvé leur public. Un succès inattendu, tant les centrales politiques et syndicales traditionnelles ont surtout brillé par leur absence.

Aperçu de la conférence du jeudi à « Hôp Hop Hop », sur le thème « nationalisme et féminisme ».

Un manque qui s’est encore observé lors de la manifestation du samedi, l’annonce de dates parallèles et la météo catastrophique du matin s’ajoutant au tableau. Mais le cortège prévu s’est bien lancé depuis Granvelle à 14h30, emportant avec lui plus de trois cents participant·e·s. Une large part était bien sûr issue la région, mais quelques autres avaient fait le déplacement depuis Dijon, Montbéliard, Lons-le-Saunier, Épinal, Lyon, Genève… « Ça permet de tisser des liens, de voir ce qu’il se fait ici » a expliqué un vosgien. Aux prises de parole, notamment de « Fiertés Racisé·e·s », « Antispéfem », « SolMiRé » ou « CGT-Spectacle »/« CIP », répondaient les slogans antifas et pro-palestiniens, repris avec force.

Aperçu du cortège, avenue du Huit-Mai 1945 – Racoon.

« Ça fait longtemps qu’on avait pas vu une mobilisation aussi dynamique, ça change des sonos constamment balancées pour masquer le vide. À mon âge, aujourd’hui je suis l’exception. On ne va pas blâmer celleux qui ne sont pas là, mais plutôt noter que, avec ou sans, l’avenir est là » analysait une retraitée coutumière des mouvements sociaux, très présente durant les « gilets jaunes ». Après une allocution de « l’AFPS » devant la Préfecture, un retour au « village associatif » s’est opéré. Une quinzaine de stands y étaient tenus, de la librairie « l’Interstice », à l’association « Espoir et Fraternité Tsigane », en passant par « ATTAC », « Intransigeance », « les Colleureuses », « les Soulèvements de la Terre » ou encore la « CNT ».

Alors qu’une banderole « Besac antifa – tant qu’il le faudra » est hissée sur le kiosque, environ six cents personnes investiront les lieux de 16h30 à 22h00. Une chorale militante s’est activée pour animer la place, relayée à partir de 19h00 par un set de « Em’s » et « DJ Rapzouz ». Buvette gérée en interne et restauration sous l’égide de « Rêve d’Éléphant » et du « Resto Trottoir » complétant le paysage, avec des offres exclusivement véganes et souvent à prix libre. Musique, danse, discussions, se poursuivant jusqu’au coucher du soleil. Le rangement achevé peu avant minuit, le staff avance déjà des conclusions. « Ce fut du taf, mais les résultats sont là. Il y aura donc bien un BAF en juin 2026 ! » nous confirme-t-on.

Illustration d’en-tête : Une prise de parole, place Victor-Hugo – Racoon.

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